Campings: des refuges à clandestins?

LA CÔTE • De plus en plus prisés par les travailleurs d'Europe venus chercher l'eldorado sous nos latitudes, les campings de la Côte constatent à demi-mot une demande croissante des clandestins. En avouant également vouloir lutter contre ces pratiques contraires à l'hébergement sous tente ou caravane.

  • Des travailleurs en provenance d'Europe squattent les campings.

    Des travailleurs en provenance d'Europe squattent les campings.

Maurizio* a 32 ans. Né au sud de l'Italie, il a vainement tenté d'y trouver un travail en tant que chauffeur poids lourd. Ses recherches infructueuses l'ont amené en Suisse romande pour tenter d'y gagner sa vie. Une situation qui l'oblige à vivre de manière provisoire. Depuis cinq ans maintenant. «En arrivant d'Italie, un ami m'avait conseillé de venir sur l'arc lémanique, se souvient celui qui est aujourd'hui clandestin en Suisse. Au début, je dormais dans ma voiture et depuis je me suis acheté une petite tente. Je suis passé par les campings de Rolle et de Morges. J'y retourne encore parfois même si je ne peux y rester plus de six mois par année. Le reste du temps, je me débrouille, je vis au jour le jour.» Travaillant à la fois dans les vignes lors des vendanges ou pour effectuer de petits travaux de manutention, Maurizio ne manque pas d'imagination pour tenter de joindre les deux bouts. Non-déclaré, il sait qu'il risque gros s'il tombe malade ou s'il est victime d'un accident. Il a décidé de tenter le diable, faute d'alternative fiable et durable. «Je garde de l'argent pour ma famille en Italie, je sais que tout ceci est provisoire. Mais je me suis fait quelques amis dans la région, des Espagnols ou des Portugais qui vivent aussi de manière clandestine et profitent des campings pour dormir.»Si ces situations se multiplient depuis quelques années, cela est dû à la conjoncture économique qui s'est nettement détériorée chez nos voisins. «Nous avons eu quelques cas de voyageurs européens qui souhaitaient rester plusieurs mois chez nous, mais nous leur demandons toujours leur carte d'identité, assure Aurore Maulet, du camping des Buis sur les hauteurs de la Sarraz. Cette année, nous avons beaucoup de demandes de travailleurs espagnols, ce phénomène est en nette augmentation.»

Contrôle strict

Assurant effectuer un contrôle strict, les tenanciers de campings confirment aussi ne pas pouvoir surveiller chaque caravane. Et surtout vérifier qui y dort vraiment. «Nous travaillons en étroite collaboration avec la commune, précise Sandra Büchler, du camping de Rolle. Des familles entières viennent parfois travailler sous nos latitudes, mais nous leur demandons d'être en totale légalité pour pouvoir utiliser nos emplacements.»Malgré la bonne volonté des autorités et des responsables de campings, certains travailleurs en quête d'une vie meilleure passent tout de même à travers les mailles du filet. «Nous sommes une cinquantaine en Suisse romande à vivre chichement dans les campings de l'arc lémanique, déplore Maurizio. Le jour où la situation sera meilleure dans notre pays, nous rentrerons. Mais ce ne sera pas le cas avant quelques années, je pense.»* nom connu de la rédaction