L'arnaque à l'italienne sévit sur la Côte

CONTREFAÇON • Faux vêtements de marque à prix cassés. Depuis quelques semaines, une escroquerie se répand comme une traînée de poudre sur l'arc lémanique. Elle ne touche que les italophones et les victimes se multiplient à une vitesse inquiétante.

  • Des contrefaçons médiocres et de mauvaise qualité.

    Des contrefaçons médiocres et de mauvaise qualité.

Vous vous baladez tranquillement dans la rue lorsqu'une voiture s'arrête. Un homme, souvent seul, vous demande en italien si vous parlez sa langue. Si c'est le cas, il entame la conversation avec convivialité. Il est trop tard, le piège commence déjà à se refermer sur vous: «Il a fait semblant de raccrocher avec sa femme, se souvient Toni*. J'étais vraiment content de pouvoir parler italien avec un compatriote, je regrette de m'être fait avoir ainsi. Il a ensuite sorti une carte routière et m'a dit qu'il était représentant pour une grande marque italienne de haute-couture. Après avoir présenté la nouvelle collection à Beausobre lors d'une réunion de professionnels, il lui restait des habits dans le coffre. Seulement, il ne souhaitait pas les ramener en Italie et payer les frais de douane.»C'est à ce moment-là que l'homme sort de la voiture, ouvre son coffre et propose veste, pantalons et chaussures. «Je lui ai donné 400 francs suisses en étant convaincu de réaliser une superbe affaire. C'est une fois rentré chez moi que ma femme m'a dit que c'était des faux. Après une lessive, je me suis vite rendu compte qu'elle avait raison. La qualité était médiocre.»

Méfiance de mise

Un peu mal à l'aise avec cette situation, Toni* n'a pas déposé plainte. Et sur le moment n'a pas pensé à relever le numéro de plaque de l'escroc. Deux erreurs, selon Philippe Jaton, porte-parole de la police cantonale vaudoise: «Ce cas n'est pas isolé, il y a eu de nombreuses victimes sur la Côte. La technique est souvent identique. Les auteurs de ces méfaits agissent seuls et s'adressent aux personnes parlant italien uniquement. Si l'on est confronté à ce type d'individus, il faut évidemment couper court à la discussion, relever le numéro de plaque et appeler la police pour l'informer de ces agissements. En tant que victime, il est essentiel de porter plainte, cela nous permet d'avoir de précieuses informations qui peuvent nous permettre de résoudre des affaires.»L'arnaque peut parfois prendre une ampleur financière encore plus importante pour les lésés: «Lorsqu'il s'agit de personnes âgées, les escrocs parviennent parfois à deviner le prénom d'un membre de leur famille en leur posant des questions précises, avertit Philippe Jaton. Ils disent ensuite qu'ils ont en leur possession un appareil électronique qu'ils doivent lui remettre. Mais, pour cela, la personne âgée doit payer une somme exorbitante et évidemment l'appareil en question ne fonctionne pas.»Dans ce cas, comme dans d'autres situations analogues, il convient évidemment de ne rien acheter dans la rue. «J'ai bien retenu la leçon, mais le lien de confiance que j'avais établi m'a aveuglé, déplore la victime. Dorénavant, je serai plus méfiant.»