Le centre aquatique ne veut pas couler

MORGES • Après Aubonne, une dizaine de communes s'avouent réticentes au projet de piscine régionale prévue à Morges. En cause, sa taille jugée excessive et son financement. Les initiateurs demandent aux communes de participer au moins jusqu'au projet d'études avant de se prononcer.

  • Le centre aquatique du Lido de Locarno et son partenariat privé-public a servi d'exemple pour le projet à Morges.

    Le centre aquatique du Lido de Locarno et son partenariat privé-public a servi d'exemple pour le projet à Morges.

Un bassin sportif de 25 mètres de long, un bassin non nageur, une fosse à plongeon, un toboggan, une pataugeoire et un espace bien-être avec spa et sauna: le projet de centre aquatique régional prévu au bord du lac à Morges est grand. Comme son prix, devisé à 45 millions de francs. De quoi refroidir certaines communes effrayées par la facture annoncée ou par l'envergure de l'infrastructure. Aubonne a été la première à se retirer de ce projet régional censé fédérer 62 communes. Depuis, une dizaine ont suivi le mouvement. Et souvent bien malgré elle, à l'image de La Sarraz: «Ce n'est pas qu'on ne veut pas, mais on ne peut pas», résume la syndique Rosa Mischler.

Des questions en suspens

Et La Sarraz est loin d'être la seule dans ce cas. «Le projet est séduisant et fédérateur. J'aimerais avoir les moyens de dire oui sans conditions», lance d'emblée Denis-Eric Scherz, syndic d'Allaman. La commune de 416 habitants ne s'est pas encore prononcée. Un préavis sur le sujet devrait être présenté au Conseil communal en septembre. «Avec la péréquation financière et la facture sociale qui pèse toujours plus lourd, notre marge de manœuvre est toujours plus ténue. Et un tel projet mérite une réflexion approfondie. Avons-nous les moyens de s'engager sur le long terme et assumer les frais de fonctionnement? 45 millions, n'est-ce pas trop cher? A ce stade, nous n'avons que des interrogations, pour l'heure sans réponses», souligne Denis-Eric Scherz.

Etude de faisabilité

«C'est en s'impliquant dans cette première phase du projet que nous pourrons justement définir si l'infrastructure est bien dimensionnée et correspond aux attentes de tous. L'idée n'est pas de faire un Aquaparc, mais un centre aquatique qui puisse satisfaire tout le monde», répond Oscar Cherbuin, directeur de l'Association de la Région Cossonay-Aubonne-Morges (ARCAM). S'il comprend très bien les difficultés financières des communes qui voient leur budget dangereusement augmenter en raison du report des charges du canton, il relève toutefois que leur participation à cette première phase d'études est moindre: «Cela correspond à une dizaine de francs par habitant. Soit, 5000 francs, pour un village de 500 âmes. Cela reste gérable», souligne-t-il.Si les initiateurs du projet regrettent le retrait d'Aubonne et les réserves d'une dizaine de communes, pas question pour autant de laisser couler le centre aquatique. «Jusqu'à présent, trois communes sur quatre ont répondu positivement, c'est plutôt une réussite», ajoute Oscar Cherbuin. Sur son site, l'ARCAM précise pourtant que selon l'importance des retraits, le projet sera «soit abandonné, soit redimensionné»… «On n'en est pas là!, lance le directeur de l'ARCAM. J'ai l'espoir que, même si nous avons 15 à 20% de désistement, nous puissions le compenser par des fonds privés afin de faire au moins aboutir cette étude».

Morges divisée?

Le pire scénario pour le centre aquatique? «Que Morges dise non», glisse Oscar Cherbuin. Or, il semble que la ville pourtant partisane du projet a ses détracteurs. Une pétition circule actuellement à Morges en défaveur du projet actuel. Elle propose la réalisation d'un seul et unique bassin de 50 mètres, modulable en quatre espaces. «Cette pétition est dénuée de bon sens puisqu'elle demande des exigences de réalisation alors qu'aucune étude de faisabilité et de rentabilité n'a été réalisé!», conclut Oscar Cherbuin qui reste confiant quant à la suite de la procédure.