L’exode se poursuit à Rolle

MULTINATIONALES • Après le départ en 2013 du géant Yahoo!, Rolle voit un autre de ses géants, Chiquita, sur le départ. Si rien n’est encore confirmé, la menace est bien réelle. Et l’économie locale va en pâtir.

Nous l’annoncions dans nos colonnes en début d’année, l’exode des multinationales était un risque à prendre en compte dans les prévisions de conjoncture pour 2014. Malheureusement, cette vague de départ se précise depuis quelques mois. En effet, après Yahoo!, le géant Chiquita risque fort d’appartenir au passé des entreprises implantées à Rolle. La première a déjà fait ses valises pour l’Irlande l’été dernier supprimant ainsi 30 emplois.

La seconde vient de s’allier à son concurrent irlandais Fyffes. Cette fusion va donner naissance au premier groupe mondial vendant de la banane avec un chiffre d’affaires total de plus de 4,1 milliards de francs. Ce regroupement annonce-t-il un départ de Chiquita? Le risque est très grand pour la ville de Rolle. Plus de soixante postes seraient en jeu.

«Il semblerait que le déménagement ne soit pas encore effectif, confirme le syndic rollois Jean-Noël Goël. Aucune piste n’est cependant écartée. Mon inquiétude concerne les locaux vides. Au sein du A-One Business Center, nous avons des espaces inoccupés. C’est un appel que je lance aux start-up romandes, la ville de Rolle peut les accueillir.»

Un avis partagé par Hélène Daniele, directrice d’Ichibani, société spécialisée dans la location d’espaces aux multinationales au sein de l’A-One Business Center: «Il y a effectivement de moins en moins de sociétés internationales. Mais je trouve que c’est une chance. Nous devons nous recentrer sur les entreprises romandes. Elles sont très compétitives et dynamiques. Cette redistribution des cartes est un tournant pour la région rolloise.»

Hausse d’impôts?

La situation est donc très tendue sur la Côte. Pour rappel, les multinationales ont créé deux tiers de tous les nouveaux emplois entre 2000 et 2010 dans le canton de Vaud et ont contribué à hauteur de 63% de la croissance du PIB.

A Rolle, leur importance a été grandissante. Et les centaines d’employés présents ont rendu possible la bonne santé économique du secteur de l’immobilier, du commerce de détail ou encore de la restauration. Cette vague de départs annonce un mini séisme économique pour la cité rolloise. Une hausse d’impôts sera inéluctable.

Même si le syndic se veut rassurant: «Ce n’est pas à l’ordre du jour, mais nous devrons effectivement trouver des rentrées fiscales supplémentaires car nous avons financé de nombreuses infrastructures.» Il reste encore quelques multinationales au rayonnement mondial à Rolle comme Ineos, Cisco Systems ou Nissan. Mais pour combien de temps encore?