L'hôtellerie morgienne en question

FREQUENTATION • Certaines voix s'élèvent pour critiquer l'offre proposée par l'hôtellerie morgienne. Dans le même temps, les chiffres de fréquentation du premier trimestre de l'année font polémique. L'offre hôtelière est-elle suffisamment concurrentielle?

  • A Morges, les week-ends son calmes dans les hôtels.

    A Morges, les week-ends son calmes dans les hôtels.

L'Association pour la sauvegarde de Morges (ASM), dans son dernier bulletin, n'y va pas par quatre chemins: «Il faut reconnaître que la situation actuelle n'est pas idéale, avec une offre hôtelière limitée, en quantité et en qualité.» Et de poursuivre: «Il est regrettable de voir ces personnes dormir à Lausanne en raison de l'offre locale insuffisante.» L'association reproche l'absence d'auberge de jeunesse et d'établissements de haut standing. Ajouter à cela des chiffres de nuitées en baisse de 12,4% pour le premier trimestre et il n'en faut pas davantage pour rendre inquiet le microcosme local. «Il est vrai que des gens nous ont appelé en étant étonnés, pour ne pas dire paniqués, confirme Ermanno Castelli, directeur de Morges Région Tourisme. Mais la baisse des nuitées est uniquement due à la fermeture de deux établissements durant la période d'analyse, à savoir l'hôtel de Savoie et Marcelin. Si nous enlevons ces deux hôtels du calcul, nous obtenons une augmentation de 6,9% par rapport à 2012. Je suis confiant et je trouve que la situation de l'hôtellerie à Morges est bonne. Même si les week-ends sont calmes. En effet, la clientèle d'affaire représente plus de 70%, et elle n'est de passage que la semaine.»

Muscler l'offre

A la Maison d'Igor, belle demeure inaugurée l'été 2012 et proposant huit chambres, la co-directrice, Catherine Dreyfus, a déjà pu identifier les périodes creuses: «Nous avons ouvert en juillet dernier et pour l'instant nous sommes satisfaits des réservations. Il est vrai cependant que de novembre à février, nous n'avons pas fait le plein, c'est une période creuse. L'office du tourisme ne peut pas faire de miracles, il faut essayer de réfléchir ensemble à des solutions pour muscler l'offre à cette période de l'année.»Au Romantik Hôtel Mont-Blanc situé à quelques mètres du lac, le discours se veut moins réjouissant. «Nous réalisons près de 40% des nuitées de Morges, précise Yannick Juillerat, directeur de l'établissement. Je sais donc de quoi je parle, la situation n'est pas si rose. Au contraire, il y a une baisse effective de la clientèle et spécialement celle d'affaires. Un franc suisse fort y est évidemment pour beaucoup. Concernant les aides, si nous devions attendre sur les offices du tourisme pour vivre, nous aurions fait faillite depuis longtemps.»Autre point noir, les réservations se font de plus en plus tard et les changements sont de plus en plus nombreux: «Cela implique une gestion plus lourde des réservations, poursuit le responsable. On remarque aussi que les séjours se raccourcissent, il faut véritablement se battre pour tirer son épingle du jeu, ce n'est pas évident.» Dans un contexte de crise européenne, l'hôtellerie morgienne s'en sort plutôt bien dans l'ensemble, mais les nuages sombres ne sont pas loin. Une action coordonnée entre l'office du tourisme, les hôteliers et les pouvoirs publics permettra assurément de dynamiser encore davantage un secteur qui a des atouts de poids (situation, service, excellence) dans la conjoncture mondiale.