Un concept boudé par les villes

POLICE-POPULATION • Malgré une recrudescence des cambriolages sur la Côte, le concept de Police-Population peine à attirer les zones urbaines comme Morges, Nyon ou Lausanne. A Gland, les habitants sont peu convaincus alors que le système a fait ses preuves.

  • Dans les villages comme Allaman, Denges et Arzier, le concept Police-Population rencontre un franc succès.

    Dans les villages comme Allaman, Denges et Arzier, le concept Police-Population rencontre un franc succès.

«Police-Population»: le concept vaudois de prévention de la criminalité a plus de vingt ans. Créé en 1992 sous le nom de «Surveillance mutuelle des habitations», il avait pour but d'instaurer un partenariat entre population et forces de l'ordre englobant tous les aspects de la délinquance et les cambriolages. Implanté dans plus d'un tiers des communes vaudoises, ce concept entend favoriser et encourager les comportements citoyens et responsables de chacune et chacun pour empêcher les délinquants d'agir.

Habitants sceptiques

Sur la Côte, alors que les cambriolages sont en hausse, Police-Population peine à convaincre les habitants, spécialement ceux des grandes villes. A Gland, une séance publique visant à informer la population sur la surveillance mutuelle a réuni quelque 70 habitants sur les 12'000 que compte la commune. «J'ai l'impression d'être un peu seul dans mon quartier. Du coup, le concept ne me semble plus vraiment pertinent si mes voisins ne sont pas impliqués», souligne Michel, un habitant du cru. Pour d'autres, la situation ne semble pas si alarmante: «Les autorités nous assurent que le niveau de sécurité est bon à Gland. Pourquoi, dès lors, faire appel à un système parallèle si tout va bien?», estime, pour sa part, Dominique.

Mauvaise image

Et pourtant, selon le «Diagnostic local de sécurité» établi par la Ville de Gland, les cambriolages sont en hausse de 48,7% en deux ans. «Le concept est en place depuis 20 ans déjà. La séance d'information avait pour but de le réactiver», souligne Florence Golaz, municipale de Gland en charge de la sécurité publique. L'occasion également de redéfinir exactement le rôle de Police-Population qui génère encore bien des préjugés. «Il existe encore une controverse liée à l'ancienne appellation de surveillance mutuelle. Les gens y voient un système basé sur la délation», ajoute la municipale.«Il est vrai que le premier terme de surveillance mutuelle des habitations a suscité beaucoup d'incompréhensions. Les gens s'imaginent que l'on crée une police de milice ou de délation. A tort!», renchérit Pierre-Olivier Gaudard, chef de la division prévention de la criminalité à la police cantonale vaudoise. Aujourd'hui, Police-Population compte 118 communes membres, soit quelque 12'000 personnes inscrites dans tout le canton. «Nous touchons environ 30'000 ménages qui sont régulièrement informés de la situation dans leur région, reçoivent des conseils de prévention de la criminalité, allant des cambriolages aux arnaques sur internet», précise Pierre-Olivier Gaudard.

Villes réticentes

Si Police-Population connaît un franc succès dans les petites communes, le concept peine à s'implanter en zone urbaine. Des villes comme Lausanne, Nyon ou Morges sont peu intéressées. «Les autorités estiment qu'en disposant d'une police municipale, le concept n'a pas lieu d'être dans leur commune, analyse le responsable de Police-Population. A tort, car cela reste un moyen de communication efficace qui a fait ses preuves».En vingt ans, la police cantonale affirme n'avoir jamais eu à faire à des dérives sécuritaires. «Des gens qui veulent faire justice eux-mêmes, qui mettent en place un système de patrouille parallèle à celui de la police est impossible. Contrairement au système anglo-saxon qui met sur pied le concept, puis le laisse en auto-gestion, nous suivons chaque commune, chaque membre pour être à même de répondre à leurs préoccupations sécuritaires, conclut Pierre-Olivier Gaudard. C'est ce qui fait le succès de Police-Population».