Un séisme social qui inquiète

Banque Lloyds • A Eysins, ce sont près de 200 emplois qui vont être biffés ces prochains mois. Malgré un taux de chômage national faible, cette annonce soulève des inquiétudes. Des spécialistes estiment que des nuages s'accumulent sur l'économie de la Côte.

  • Près de 200 emplois supprimés, de quoi inquiéter les autorités. DR

    Près de 200 emplois supprimés, de quoi inquiéter les autorités. DR

Il semble que le scénario ne cesse de se répéter depuis quelques mois. Après les cas de Novartis, Logitech, Merck Serono, c'est au tour de la banque Lloyds, principalement basée à Eysins, d'annoncer la suppression de 200 postes sur 350. Cette annonce a fait l'effet d'une bombe. La raison invoquée est la reprise de ses activités de banque privée par l'Union Bancaire Privée (UPB) à Genève. En mai dernier, l'UBP avait laissé entendre que des postes seraient supprimés en affirmant que «chaque acquisition génère des synergies». Mais l'ampleur du séisme restait insoupçonnée.

Prudence de rigueur

La Chambre vaudoise du commerce et de l'industrie (CVCI), dans son enquête conjoncturelle, avait attiré l'attention sur des risques de détérioration économique au second semestre 2013. Pascal Broulis, dans nos colonnes, évoquait aussi au début de cette année une prudence de rigueur: «Le risque pour 2013 est celui d'un ralentissement de l'économie. Dans la région même, malgré les leçons apportées par les cas de Novartis ou de Merck Serono la tentation de la décroissance reste diffuse et exploitée par certains partis.» Une inquiétude partagée par Jean-Pascal Baechler, conseiller économique à la Banque Cantonale Vaudoise (BCV): «Une légère hausse du chômage est vraisemblable.»Dans la petite commune d'Eysins, on attend de voir. Et on ne s'inquiète pas outre mesure de cette décision: «D'après ce que j'ai vu, les employés de Lloyds qui vont être licenciés n'habitent pas à Genève, donc pour nous, cela ne change rien, précise Franz Kneubühler, vice-syndic et responsables des finances de la commune. Du point de vue financier, nous ne perdons pas un centime. Même si humainement, il est toujours difficile de se faire licencier ainsi.»

Négociations ardues

Une sérénité qui contraste avec l'ambiance qui règne au sein de la banque. Au sein du Business Park de Terre Bonne à Eysins, les employés organisent leur résistance en menaçant de grève générale. L'association suisse des employés de banque (ASEB) est leur alliée dans un combat peu évident, comme le confirme son secrétaire syndical, Clément Dubois: «Les négociations sont particulièrement ardues. Les directions des banques étaient très méfiantes envers nous. Ce qui est rare. Mais le dialogue a quelque peu repris même si cela ne signifie pas que nous écartons définitivement une grève. L'avenir nous dira si nous arrivons à trouver un terrain d'entente». Malgré l'accalmie européenne et mondiale, l'économie vaudoise se doit de rester vigilante en améliorant continuellement sa compétitivité et son attrait pour les entreprises. Faute de quoi les séismes sociaux risquent de se multiplier ces prochains mois...