C’est qui le public?

  •  Mathieu Fleury, Secrétaire Général de la Fédération Romande des Consommateurs

    Mathieu Fleury, Secrétaire Général de la Fédération Romande des Consommateurs

On discute beaucoup ces temps-ci de l’audiovisuel public, à savoir de notre bonne vieille RTS (pour prendre sa dernière appellation en date…).

Le plus souvent à tort et à travers, en mélangeant en particulier deux choses pourtant distinctes: ce qui est fait avec l’argent issu de la mal-aimée «redevance» et la manière dont cet argent est récolté.

Ainsi, les attaques contre la très impopulaire Billag, chargée actuellement de la perception de la redevance, cachent trop souvent une volonté d’affaiblir le service public lui-même.

On peut discuter de la nature et de l’ampleur de l’offre médiatique publique dont notre pays a besoin. C’est même certainement nécessaire, mais cette question ne se règlera pas en deux coups de cuillère à pot. Spécialement, en tant que Romands, nous devrions bien réfléchir avant d’ouvrir cette boîte de Pandore, car «notre» RTS est largement subventionnée par les Alémaniques, au nom d’une cohésion nationale qui pourrait se révéler bien fragile…

Bref, concentrons-nous pour l’instant sur la seule question que le Parlement a à traiter: passe-t-on par une redevance ou par un impôt pour récolter le montant qui sera jugé nécessaire, quel qu’il soit? Renoncer au système actuel, lourd et cher, permettrait d’économiser sur les coûts. Bien. Mais si on veut un impôt, alors c’est pour tout le monde, entreprises comprises, et en tenant compte de la capacité économique de chacun. On en est loin, puisqu’il est prévu que près de 70% des entreprises ne paient rien et que les ménages à faibles revenus paient autant que des boîtes avec un chiffre d’affaires entre 500’000 et 1 million de francs…

Pas vraiment la vision que je me faisais d’un système conçu pour financer ce qui voulait incarner, il n’y a pas si longtemps, une certaine «idée suisse»…