Drogue: fixer des priorités

  • Gilles Meystre - Conseiller communal

    Gilles Meystre - Conseiller communal

  • Gilles Meystre - Conseiller communal

    Gilles Meystre - Conseiller communal

Quand vous luttez depuis 10 ans pour une plus grande fermeté à l'égard des dealers et un meilleur encadrement des toxicomanes, il est rageant d'être dépeint comme un élu qui n'a qu'une seule idée: fermer les yeux sur les consommateurs... C'est ce qu'a fait Lausanne Cités la semaine passée. En montant en épingle une citation d'un texte publié dans Tribune, me voilà présenté comme le meilleur ami des drogués! Image trompeuse et réductrice.

Que disais-je, donc? Premièrement, que la démonstration policière de septembre dernier sur la Riponne relevait davantage du show que d'une mesure efficace. Seule une action inscrite dans la durée peut porter ses fruits face aux dealers qui gangrènent notre ville.

Deuxièmement, que la traque annoncée par Grégoire Junod contre les consommateurs de la Riponne créera davantage de problèmes qu'elle n'en résoudra. La preuve: depuis septembre, le nombre d'usagers du Distribus a chuté. Conséquence: alors que les consommateurs peuvent y échanger leurs seringues usagées contre des stériles, ils préfèrent désormais les jeter dans les préaux, les parcs publics et les cours d'immeubles... Inacceptable et dangereux.

Troisièmement, en l'état des sous-effectifs chroniques de la police et de la surcharge de la justice, il faut définir les urgences et fixer des priorités. Or, en promettant de s'attaquer simultanément aux dealers et aux consommateurs de drogue, la ville trompe son monde. Elle ressemble à une équipe de foot réduite à 6 joueurs qui croit pouvoir gagner contre une équipe de 11... L'échec est assuré. D'où la conviction qu'entre deux maux – la vente et la consommation de drogue - et compte tenu des effectifs de police, l'urgence consiste à combattre en priorité les vendeurs de mort, les dealers.

Bien entendu, les consommateurs ne doivent pas être oubliés. Il faut les orienter vers le sevrage, éviter la dispersion de seringues usagées et prévenir les comportements à risque. Il est grand temps donc - et c'était là ma conclusion - que la ville propose enfin le préavis toxicomanie attendu depuis 2007, mais sans cesse reporté par la majorité…

Voilà les quatre messages-clés ignorés. On est donc loin d'un plaidoyer pour une justice à deux vitesses, qui ferme les yeux sur les drogués de notre cité!