Initiative Minder : une victoire d'étape

  • Julien Sansonnens Ancien Vice-Président du Pop Vaud

    Julien Sansonnens Ancien Vice-Président du Pop Vaud

Le signal politique que le peuple vient d'adresser à l'élite, et en particulier à nos maîtres d'économieSuisse, est particulièrement cinglant et réjouissant. C'est l'ensemble de la population qui a exprimé un immense ras-le-bol face aux rémunérations abusives, et face à l'explosion, depuis quelques années, des inégalités en Suisse. Toutes les limites morales ont été franchies : désormais, même à droite, cela ne passe plus. Si le signal est puissant, rappelons que l'initiative Minder sera de portée très modeste. Seule, elle ne pourra pas répondre aux enjeux de justice et de cohésion sociale auxquels notre pays est confronté : les prochaines échéances seront de première importance.L'initiative «1 :12» sera soumise au peuple en septembre. Elle exige qu'au sein d'une entreprise, le plus haut salaire ne puisse pas être supérieur de 12 fois au salaire le plus faible. L'initiative fédérale pour un salaire minimum demande un revenu minimal de 4000 francs par mois, pour un plein temps. Aujourd'hui, nombre de travailleurs, et surtout de travailleuses, gagnent moins et ne peuvent subvenir à leurs besoins sans aide publique. Cela n'est pas acceptable, et l'Etat n'a pas à subventionner les entreprises qui sous-paient leurs employé-e-s. Rappelons que dans notre canton, l'initiative déposée par La Gauche n'avait échoué que d'un cheveu, signal que des majorités populaires en faveur d'un salaire digne sont possibles. Enfin, il faudra s'engager au plan fédéral en faveur de l'initiative contre les forfaits fiscaux, autre symbole fort de la cupidité, de l'arrogance et du cynisme de cette caste qui nous dirige et prétend s'accorder des privilèges. C'est assez! D'autres mesures devraient encore être soutenues: taxation de 20% sur les héritages de plus de 2 millions au profit de l'AVS, révision de la loi des SA en vue d'instaurer des plafonds salariaux notamment.Toutes ces mesures n'ont pas pour finalité de punir les riches: il s'agit de réinjecter un minimum d'éthique et de raison dans un système de rémunération qui s'est emballé et semblait, jusqu'au vote Minder, échapper à tout contrôle. La prédation ne peut pas tenir lieu de système social.