L’asile comme thème électoral

  •  Manon Schick, Direcrice d'Amnesty International Suisse. DR

    Manon Schick, Direcrice d'Amnesty International Suisse. DR

Les élections fédérales approchent et, comme par hasard, l’asile devient le thème de prédilection de certains partis politiques. L’UDC y va de ses propositions miracles pour réduire le nombre de requérants d’asile en Suisse: plus aucune demande enregistrée et l’armée aux frontières, la voilà, la solution!

Mais qu’en est-il vraiment? C’est vrai, le nombre de réfugiés et de personnes déplacées dans le monde (60 millions) n’a jamais été aussi élevé depuis la Seconde Guerre mondiale. Mais comme toujours, ce sont les pays voisins des États en crise qui en accueillent l’immense majorité: plus de 4 millions de Syriens se trouvent en Turquie, au Liban ou en Jordanie; et à elle seule, l’Afrique subsaharienne accueille aussi 4 millions de réfugiés.

Alors certes, le nombre de demandes d’asile est en augmentation en Suisse, si on compare les chiffres avec l’année passée – près de 16’000 demandes pour les 7 premiers mois, soit 20% de plus qu’en 2014. Mais si on compare avec la période de la guerre au Kosovo, on est encore bien loin du record de 46’000 personnes qui avaient cherché protection dans notre pays. Et que dire si on compare avec les plus de 200’000 migrants arrivés cette année en Italie et en Grèce?

Il faut dénoncer l’utilisation de semi-vérités et de slogans à l’emporte-pièce au sujet de l’asile. Les requérants sont un bouc émissaire facile, car ils ne peuvent pas se défendre. Mais la Suisse n’est pas débordée, comme certains voudraient nous le faire croire. Ouvrons nos portes aux personnes qui ont besoin de protection. C’est un devoir de solidarité et une preuve d’humanité, même et surtout en période de campagne électorale!