Le tabac n’est plus une denrée alimentaire !

  •  Myriam Pasche, Responsable du CIPRET-Vaud, Centre de prévention du tabagisme

    Myriam Pasche, Responsable du CIPRET-Vaud, Centrede prévention du tabagisme

La nouvelle loi sur les produits du tabac mise en consultation par le Conseil fédéral la semaine dernière vient corriger une curiosité, celle qui fait que, depuis 1969, les produits du tabac étaient régis par la loi sur les denrées alimentaires et quelques autres articles spécifiques dispersés dans plusieurs textes de lois.

Pour la santé de la population, il s’agit d’une opportunité unique d’adapter le cadre légal aux nouvelles connaissances sur l’épidémie du tabagisme dont on sait qu’elle est, aux côtés du manque d’activité physique, de la mauvaise alimentation et de l’abus d’alcool, l’un des principaux facteurs de risque des maladies non-transmissibles.

De plus, à l’échelle européenne, la Suisse accuse un retard important en matière de prévention du tabagisme puisqu’elle se classait en 2013 à la 18ème place.

Dans l’actualité, la e-cigarette semble voler la vedette au tabac avec la kyrielle de questions relatives à son statut encore peu clair entre consommation à moindre risque, méthode d’arrêt ou effet de mode. Attention cependant à ne pas considérer seulement l’arbre qui cache la forêt. Si la nouvelle loi entend encadrer cette nouvelle venue, elle devra également et surtout encadrer la commercialisation de tabac traditionnel qui reste encore très largement majoritaire. A ce titre, les recommandations de l’OMS sont très claires, éprouvées et documentées ; c’est en agissant à la fois sur la demande et sur l’offre que des effets sanitaires pourront être réalisés. Il s’agit donc notamment que la publicité pour le tabac soit bannie sous toutes ses formes, que l’étiquetage des produits du tabac soit renforcé, que le système de déclaration des produits soit poursuivi et que l’interdiction de vente aux mineurs soit non seulement étendue à l’ensemble des cantons mais également appliquée comme il se doit.