Les femmes connaissent souvent leur agresseur

  •  Manon Schick, Directrice d'Amnesty International Suisse. dr

    Manon Schick, Directrice d'Amnesty International Suisse. dr

Est-ce qu’il vous est déjà arrivé de subir des attouchements non désirés? J’en ai été l’objet à deux reprises lors d’un voyage en Iran: des mains baladeuses qui se sont vite retirées quand j’ai fait les gros yeux. Rien de comparable avec les agressions sexuelles dont ont été victimes des femmes à Cologne, mais c’était quand même tout à fait désagréable. Et je me suis plusieurs fois demandé si mon attitude ou ma tenue avait pu provoquer ces agissements, alors même que j’étais couverte de la tête aux pieds!

Il n’y a pas besoin d’aller si loin pour subir des agressions. La violence contre les femmes est en effet extrêmement répandue, y compris en Suisse. Rien que dans le canton de Vaud, deux femmes ont été tuées par leur conjoint depuis le début de l’année. Et ce n’est que la pointe de l’iceberg, car des milliers de femmes sont chaque année frappées, violées, harcelées ou victimes de violence psychologique. La plupart du temps, leur agresseur est un homme qu’elles connaissent: leur mari ou leur ex-mari. Plus rarement, comme à Cologne, ce sont des étrangers, inconnus des victimes.

Ce qui est sûr, c’est que tous ces actes sont des atteintes graves à l’intégrité physique des femmes et qu’ils doivent impérativement être sanctionnés. Mais il serait faux de désigner tous les migrants comme des agresseurs potentiels et de penser qu’on résoudra le problème en les renvoyant. Si la Suisse veut réellement protéger l’intégrité des femmes, elle doit adopter des mesures de prévention efficaces, par exemple en ratifiant et en appliquant la Convention européenne sur la prévention et la lutte contre la violence contre les femmes et la violence domestique. Et sensibiliser tous les hommes, quelle que soit leur origine, à respecter la dignité des femmes.