Musulmans et état de droit

  •  Pascal Gemperli Président de l’Union Vaudoise des Associations Musulmanes. DR

    Pascal Gemperli Président de l’Union Vaudoise des Associations Musulmanes. DR

En Suisse, un tiers des musulmans détient le passeport rouge. Une majorité des autres sont ici depuis des décennies et parfois en deuxième génération. Regardant de près et avec le recul nécessaire de l’actualité internationale, on constatera rapidement qu’il n’existe chez nous quasiment plus aucun problème sociétal réel par rapport à l’intégration des musulmans au niveau individuel.

Par contre, nous sommes aujourd’hui arrivés à un nouveau stade, celui de l’intégration institutionnelle de notre communauté. Elle se manifeste par exemple lors de l’ouverture de nouveaux centres islamiques, pour l’éventuelle reconnaissance légale dans le Canton de Vaud, pour la sépulture ou encore pour l’ouverture d’un Centre islam et société à Fribourg. Ce dernier illustre à la fois la pertinence de la démarche mais aussi l’incohérence du débat politique autour qui se ressemble pour tous les sujets susmentionnés. La pertinence est que les musulmans, bien intégrés au niveau individuel et désormais structurés au niveau cantonal et fédéral, souhaitent intégrer les institutions publiques.

Ils souhaitent s’engager dans une relation donnant-donnant. Bref, ils veulent jouer le jeu. Le dialogue social qui y mènera permettra non seulement de renforcer les liens sociaux mais aussi de définir les attentes mutuelles avant de les établir légalement.

L’incohérence du débat se situe à ce même niveau. L’argument principal des opposants, énoncé habituellement dans le flou et sans citer d’exemples, consiste à craindre l’infiltration de pratiques et convictions incompatibles avec notre état de droit. Mais la contradiction est flagrante, car la négociation de ces contrats permet de formaliser nos principes sociopolitiques et légaux pour les projets concernant la communauté musulmane. Celle-ci les mettra ensuite en œuvre dans la réalisation de ces engagements. N’est-ce pas exactement ce que veulent ces mêmes opposants?