Un tournant énergétique sans sortie du nucléaire

  •   Adèle Thorens Goumaz - Conseillère Nationale, Les Verts Suisses. DR

    Adèle Thorens Goumaz - Conseillère Nationale, Les Verts Suisses. DR

La stratégie énergétique votée au Conseil national est pleine de paradoxes. Premier d’entre eux, les valeurs indicatives qu’elle fixe pour le développement des énergies renouvelables sont si basses qu’elles seront probablement atteintes avant l’entrée en vigueur de la loi! Malgré ce manque d’ambition, la stratégie énergétique propose des instruments de promotion des énergies renouvelables très convaincants, en particulier la hausse des soutiens financiers et la simplification des procédures pour les installations d’électricité verte. C’est un 2e paradoxe: appliqués de manière crédible, ces instruments permettraient de pulvériser les valeurs indicatives dérisoires fixées par le parlement, pour atteindre rapidement l’équivalent de la production de nos trois plus vieux réacteurs.

Enfin, 3e paradoxe, malgré le potentiel considérable des énergies renouvelables et les bons instruments existant désormais pour les soutenir, la stratégie énergétique ne fixe aucune date pour la fermeture de nos vieilles centrales. Celles-ci pourraient être exploitées 60 ans, voire plus.

Alors qu’avant Fukushima, on envisageait leur retrait du réseau après 40 à 50 ans. Alors que les centrales nucléaires sont démantelées après moins de 30 ans d’exploitation en moyenne dans le monde. Et alors que, sur 500 réacteurs mis en service, cinq ont terminé leur parcours par un grave accident impliquant la fusion de leur cœur. La stratégie énergétique se donne les moyens d’un véritable tournant énergétique, mais n’a pas le courage de sortir du nucléaire, soumettant la population à un risque inutile et inacceptable.

L’initiative des Verts, qui exige la fermeture des centrales nucléaires après un maximum de 45 ans, doit la compléter.