Depuis 2011, les appareils auditifs sont remboursés sur la base d’un forfait attribué au patient malentendant. Ce forfait permet à celui-ci d’acquérir son ou ses appareils là où il le souhaite – y compris à l’étranger -, ceci tous les six ans. Sauf cas de rigueur, disons-le très exceptionnellement accepté par les offices AI qui multiplient les entraves administratives, tout dépassement de ce forfait est financièrement assumé par l’assuré lui-même.
Au moment de son entrée en vigueur, on nous annonçait que l’objectif de ce système était de faire jouer la concurrence et, partant, d’induire une baisse des prix des appareils auditifs en Suisse. Plus de quatre ans après, la réforme engagée a-t-elle produit les effets escomptés? Il suffit de lire les résultats d’une étude d’évaluation mandatée par l’Office fédéral des assurances sociales lui-même et publiée en 2015 pour avoir une réponse claire: les prix des appareils auditifs n’ont pas baissé sur le marché suisse. En revanche, les audioprothésistes indépendants se sont multipliés et l’AI a de son côté bien évidemment clairement atteint son objectif d’économies. Et qui paye la facture? Le malentendant, qui y va donc de sa poche et finance lui-même le surcoût destiné à maintenir le niveau de son appareillage auditif.
Et il y a mieux: face à un constat qu’il a lui-même dressé, l’OFAS décide… de ne rien faire, en tout cas pas avant une nouvelle étude attendue pour… 2019. Pourquoi en effet revoir un système injuste qui a fait la preuve de son inefficacité et dont Monsieur Prix lui-même serine depuis longtemps qu’il ne peut fonctionner? En attendant, le malentendant, non content de vivre au quotidien un handicap aussi sournois qu’invisible, va continuer à porter le poids financier de ses problèmes auditifs. Cela s’appelle une double peine, et elle va durer encore au moins 4 ans!