Une mesure simpliste...

  •  Nicolas Joss, Directeur de l'office des vins Vaudois

    Nicolas Joss, Directeur de l'office des vins Vaudois

La loi vaudoise sur les auberges et débits de boisson, à peine révisée par le Grand Conseil, n’est pas assez restrictive aux yeux de la Municipalité de Lausanne, qui décide du coup de se singulariser en incluant le vin dans l’interdiction de vente d’alcool à l’emporter dès 20h, au motif que les contrôles seraient «ingérables».

L’exécutif lausannois prend-il ses agents pour des demeurés incapables de faire la différence entre le vin, la bière et la vodka? En tout cas, cette mesure est une démonstration de fermeté plus simpliste que convaincante. D’abord, les jeunes ne se défoncent pas avec du jus de la treille. Ensuite, s’ils recherchent une ivresse rapide, c’est par goût des sensations fortes, pour oublier leur quotidien ou par bravade de l’interdit. Or, renforcer les interdits, c’est accroître l’envie de les contourner. Bref, en supprimant le breuvage, on ne s’attaque en rien aux causes du mal.

Enfin, le vin et singulièrement le Chasselas font partie de notre culture, de nos traditions et de notre économie. Il s’agit donc d’éduquer une jeunesse en manque de repères à le connaître, à le respecter et dès lors à le consommer avec modération, pour en faire le compagnon des moments de partage et de plaisir.

L’interdire, c’est lui conférer le statut d’une drogue, laquelle par parenthèse s’achète à tous les coins de rue ... et à toute heure. Apprendre à consommer le noble produit de la vigne, c’est tourner le dos aux bitures express et se tourner vers un art de vivre inspiré de notre héritage culturel et de nos valeurs.

Comme l’a si bien fait à son époque Jean-Pascal Delamuraz, il est temps pour les élus lausannois de prendre le chemin du Dézaley et de partager une belle bouteille du Clos des Abbayes ou du Clos des Moines, deux des fleurons de la Ville de Lausanne, qui les convaincront des vertus conviviales, hédonistes et même sociales des vins vaudois.