Lara Gut, entre la bûche et le cantique

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    Lara Gut, entre la bûche et le cantique

S’il y a un truc hyper sport, dans l’année, c’est bien Noël - une course pareille... Pour caser autant de trucs dans un espace aussi réduit, tout en gardant l’estomac vif et le sourire pétillant, il faut un cœur d’athlète. Une charpente rompue à l’exercice du marathon sprinté, une volonté de pierre, un mental d’acier. Bref, en cette période de Fêtes où les boules ne doivent pas éclipser le poème, il s’agit d’être au top. Alors, plutôt que de s’enguirlander autour du sapin, ouvrons les cadeaux.

 

Le temps des sourires

Le sport suisse est pas mal gâté cette année. Mais parmi d’autres, il y a un merveilleux trésor qu’on aimerait déballer à la lumière des bougies, entre la bûche et le cantique; un présent formidable dont l’avenir s’annonce radieux même si son passé est déjà riche: Lara Gut. C’est vrai, on aurait pu voter pour les cuisses de Xherdan Shaqiri (star de l’équipe de Suisse de foot), les jarrets de Dario Cologna (fondeur de pointe) ou les biceps de Stanislas Wawrinka (futur numéro 1 du tennis helvétique).

Mais non. On a opté pour le cerveau de la skieuse Lara Gut. On voit d’ici là les sourires se dessiner, sous prétexte qu’elle est blonde et jolie. Mais oui: on aime la tronche de Lara Gut, moitié princesse et moitié grizzli, intelligente en diable et têtue comme un ange. «C’était déjà comme ça à l’école. Certaines personnes sont faites pour travailler en groupe. Moi pas», expliquait-elle l’an passé, dans une interview à couteaux tirés dans L’Hebdo, à propos de son parcours hors des girons institutionnels.

 

Le joyau de la latte

Pas comme les autres, Lara Gut. «Soit c’est toi qui décides de ta vie, soit ce sont les autres qui en décideront pour toi. Alors j’ai vite choisi», déclara-t-elle aussi un jour, du haut de ses 20 ans. Aujourd’hui, elle en a 22 et, après un début de saison canon (4 victoires), malgré le demi-lapin qu’elle vient de poser à son public sur les pentes de St-Moritz, le joyau de la latte helvétique est prêt à briller de mille éclats.

 

Un diamant brut

Flash-back: début 2008 à pas 17 balais, pour sa 4e course chez les «grandes», sa première descente, elle file vers la victoire avec le dossard 32. Ses yeux bleus n’ont pas froid, ses mèches fouettent le blizzard lorsque patatras, c’est la cabriole à quelques décamètres de la ligne d’arrivée qu’elle franchira le nez dans la neige, sensationnelle troisième au final. Une entrée fracassante dans l’imaginaire collectif.

Lara Gut, un diamant brut pour une ascension vertigineuse. Deux médailles d’argent aux Championnats du monde de Val d’Isère en 2009. Le monde à ses pieds, ou presque, et puis le trou: à l’aube d’une saison 2009/10 qui doit la couronner, JO de Vancouver inclus, la Tessinoise se luxe la hanche sur le glacier de Saas Fee. Opération, douleur, rééducation, patience, doute, angoisse de tout perdre. Lara Gut doit se reconstruire; à 18 ans...

Le chemin fut long, mais l’oiseau a la tête dure - on y revient. Consacré animal de foire en raison de son talent précoce, proie privilégiée des sponsors parce que le chapeau de cow-boy lui va aussi bien que la casquette Ragusa, Lara Gut a aussi dû apprendre son statut hors des pistes. «Je n’ai jamais voulu être connue. Je veux juste skier», rappelle-t-elle à qui veut l’entendre, avant de ponctuer sa phrase d’un éclat de rire ou d’une moue mutine, selon l’humeur.

Lara Gut charme ou agace, en fonction qu’on la trouve nature à souhait ou arrogante sur les bords. Mais surtout, elle skie. Et c’est un sacré cadeau.