A Lausanne, des livraisons nocturnes et clandestines d’alcool

TRAFIC • A Lausanne et sa région, un service clandestin de livraison d’alcool permet aux clubbeurs et autres fêtards de «faire le plein» au beau milieu de la nuit. L’un des patrons de l’une de ces entreprises pirates donne sa version des faits. Il assure que la police municipale «tolère» ses activités.

  • Vin, bière, alcools forts, tout est proposé. 123RF

    Vin, bière, alcools forts, tout est proposé. 123RF

Depuis 2014, la vente d’alcool, excepté le vin, est interdite à partir de 21 heures dans le Canton de Vaud. Pourtant, pour peu que l’on connaisse le bon numéro, il est possible de se faire livrer n’importe quelle bouteille tout au long de la nuit à Lausanne et dans sa région.

En effet, un commerce souterrain lucratif s’est mis en place au fil des années, notamment sous la forme d’un service de livraison à domicile. Pour 45 francs, on obtient une bouteille, du diluant, des chips et des bonbons à sa porte. Le gérant d’un de ces business parallèles explique qu’il a de tout: de l’alcool fort, comme de la vodka ou du rhum, mais également du vin et de la bière.

Un juteux bénéfice sur chaque bouteille

Son public est surtout composé de jeunes qui privilégient la qualité. «Ce que je vends, c’est Smirnoff et Absolute. Personne ne va acheter de la vodka bas de gamme.» Il précise éviter les marques trop chères car son public cible ne dépasse pas 50 francs la bouteille. «On vit dans une période où les livraisons n’ont jamais été aussi présentes, se justifie-t-il. Les gens préfèrent faire la fête entre eux, tranquilles à la maison. On est arrivé dans la période de l’ubérisation. C’est l’offre et la demande et celle-ci est importante.» Ce chauffeur-livreur compte environ 300 clients et se fait un bénéfice de 15 à 20 francs la bouteille. Il travaille de 21h à 3h du matin la semaine et jusqu’à 5h le week-end. Selon ses dires, la police municipale serait au courant de son commerce, pour l’avoir déjà contrôlé en plein travail, mais tolérerait son activité. Interrogée sur la question, celle-ci affirme n’avoir pas connaissance d’une problématique particulière concernant des ventes d’alcool «fonctionnant de bouche-à-oreille». Pas plus que la police du commerce.

Mise en danger des plus vulnérables

Du côté d’Addiction suisse, on se dit inquiet d’une telle situation, en particulier à cause de l’absence de contrôle de l’âge des clients: «Déjà les distributeurs agréés ne respectent en majeure partie pas la protection de la jeunesse, même si la situation semble s'améliorer, donc on craint que ces distributeurs illégaux ne le fassent pas non plus. Ils mettent donc en danger la santé des plus vulnérables», déclare le responsable de la communication de l’association, Markus Meury.