Lausanne décarboné, Lausanne clivé, mais Lausanne apaisé...

Les mots ont un sens et souvent leur portée a valeur au pire d’acte manqué, au mieux d’aveu implicite. Vouloir «apaiser» la mobilité, c’est admettre en creux qu’elle est tourmentée.

  • CRéDIT PHOTO

    CRéDIT PHOTO

Qu’on se le dise: Lausanne veut aller vers une mobilité «active & apaisée». C’est en tout cas l’ambition que l’on peut découvrir dans le programme de législature annoncé la semaine passée par la Municipalité, qui s’engage désormais à «fluidifier et apaiser la circulation de tous les modes» et même à supprimer des feux dans certains carrefours!

Les mots ont un sens et souvent leur portée a valeur au pire d’acte manqué, au mieux d’aveu implicite. Vouloir «apaiser» la mobilité, c’est admettre en creux qu’elle est tourmentée. Et tourmentée, elle l’est, car au-delà des interminables vociférations et réclamations auxquelles nous ont habitués les réseaux sociaux, trop excessives pour être toujours crédibles, il suffit de se promener dans les rues de la ville pour voir à quel point la condition de bipède est précaire: pas de sortie sans devoir sursauter en subissant les sonneries impatientes de cyclistes aussi arrogants que triomphants, rarement amendés pour leur incivisme, ou sans se faire intempestivement brusquer par l’irruption fulgurante d’une trottinette électrique dansant une gigue tout aussi impunie entre trottoirs et bitume. Alors avec sa mobilité «apaisée», l’exécutif communal esquisserait-il enfin du bout des lèvres un timide mea culpa? S’oriente-t-on vers une politique moins clivante en termes de légitime promotion de la mobilité douce, mais qui irait au-delà du sentiment d’un encouragement à la hussarde du vélo au détriment des autres usagers de la voie publique, piétons compris? Si nous n’en sommes de loin pas encore à une mobilité réellement «inclusive», ce serait déjà un premier pas.