Le sexe de Dieu

C’est la dernière trouvaille de l’Eglise protestante genevoise. Cédant à la vague de déconstruction qui bat son plein, elle vient en effet de poser une question de fort mauvais genre: et si on démasculinisait Dieu?

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Désigner Dieu par le pronom «il», conduirait en effet très logiquement à se le représenter sous le prisme d’une figure masculine et d’ailleurs tout à fait patriarcale. Pour juste qu’il soit, le constat conduit à deux implications: faudra-t-il dès lors neutraliser le genre de tous les noms induisant de potentielles représentations problématiques? Un hymen, un clitoris, un vagin, un con relèvent ainsi d’un genre linguistique aussi déconcertant que celui d’une fripouille, une victime ou même une simple porte d’entrée.

L’autre problème est que la démarche fait fi de la capacité voire même de l’obligation pour chaque croyant quel que soit son Dieu, de se construire au fil de son existence et de sa réflexion, sa propre conception de l’entité divine (excusez le féminin) et au bout de laquelle, de la représentation du dieu masculin, il ne restera forcément plus grand-chose.

Et puis enfin, aussi bien intentionnée soit-elle, la méthode relève d’un fantasme illusoire et délétère auquel ont cédé bien des régimes totalitaires: forger «l’homme nouveau» (excusez le masculin) en forçant un changement des idéologies par une modification militante ou même autoritaire du langage. Du «citoyen» de la Révolution française au «camarade» trotskiste-léniniste, les exemples, avortés d’ailleurs, en sont légion.

Reste une solution, mais pas sûr qu’elle convienne aux plus féministes: se convertir à l’Islam. En tant que nom propre, Allah lui, n’est ni masculin ni féminin…