A Bavois, des toilettes qui fâchent...

Tous les Lausannois connaissent l’aire d’autoroute de Bavois qui voit défiler des dizaines de milliers de conducteurs chaque semaine. L’accès payant aux toilettes même pour des usagers qui ont consommé fait cependant grincer des dents.

  • Sur l’aire d’autoroute de Bavois, les seules toilettes gratuites sont à l’extérieur (médaillon). CA

    Sur l’aire d’autoroute de Bavois, les seules toilettes gratuites sont à l’extérieur (médaillon). CA

GROGNE • C’est une mésaventure que ce client de la station d’autoroute de Bavois n’est pas près d’oublier. Sur son trajet en direction de Berne, ce Lausannois décide de s’arrêter en début d’après-midi, histoire de siroter un petit café avant de reprendre la route. S’il trouve le prix de son petit noir un tantinet exagéré, 5 frs 60 tout de même, l’homme ne bronche pas, habitué aux prix largement surfacturés des aires d’autoroutes, aussi bien en Suisse que dans le reste de l’Europe.

Deux types d’aires

Seulement voilà, au moment de rejoindre son véhicule, une petite envie pressante le conduit à faire un détour par les toilettes. Quelle ne fut pas sa (mauvaise) surprise de constater que le ticket attestant de sa consommation au restaurant ne lui donnait pas accès aux lieux d’aisance. «J’ai dû payer un franc de plus pour y accéder fulmine-t-il. Si je résume, mon court passage à Bavois m’a coûté 6 francs 60 pour un café et un pipi. Ça fait un peu cher et la moindre des courtoisies serait qu’un client qui consomme ne paye pas pour accéder aux toilettes».

En Suisse, il existe deux types d’aires autoroutières. Les aires simples, dites de repos, et sans commerces si ce n’est parfois un foodtruck, et pour lesquelles il n’existe aucune disposition légale en termes d’équipement en toilettes, même si celles-ci y sont souvent disponibles gratuitement.

Et puis il y a les aires dites de ravitaillement cantonales - c’est le cas de celle de Bavois- qui, elles, sont équipées de restaurants, de stations-service et de shops, voire même d’hôtels. En matière de toilettes, c’est l’ordonnance du 8 novembre 2007 sur les routes nationales qui fixe les obligations: «Les aires de ravitaillement doivent être équipées de toilettes publiques accessibles aux handicapés, précise Marina Kaempf, responsable de la communication à l’Office fédéral des routes (OFROU). Les toilettes doivent être ouvertes au public 24 heures sur 24. L’endroit n’est pas précisé, les toilettes ouvertes 24h/24 peuvent se trouver dans les bâtiments de la station-service, dans le restaurant ou dans un bâtiment ad hoc construit ailleurs sur l’aire de ravitaillement. Publiques ne signifie toutefois pas forcément gratuites, cela signifie que les toilettes doivent être accessibles à tous, sans obligation de consommer, au restaurant par exemple. »

En clair, le franc supplémentaire demandé à notre Lausannois pour son petit pipi est tout à fait légal, même s’il a consommé au sein du restaurant de l’aire de ravitaillement. Légal, mais clairement impopulaire comme en attestent de multiples témoignages recueillis sur place. «Même si les clients peuvent accéder à des toilettes gratuites situés à 300 mètres à l’extérieur au niveau de la station-service, il y a beaucoup de plaintes à ce sujet» confirme ainsi une employée qui souhaite conserver l’anonymat.

Prépaiement

«Nous comprenons le mécontentement de nos clients concernant les toilettes à prépaiement, explique Ellen Samson « executive assistant » du groupe Autogrill qui gère Bavois. Cependant, nous vous rendons attentif sur le fait qu’on a la possibilité de se faire rembourser le montant de 1 franc contre un achat au restoroute de Bavois ou dans un autre restoroute d’Autogrill en Suisse. Cette modeste contribution ne s’applique qu’aux personnes qui ne consomment pas chez nous et nous permet de mettre à disposition de notre clientèle des locaux modernes et propres.»

Sauf que cette ristourne de 1 franc ne fonctionne que sur le mode du prépaiement. Ce n’est qu’une fois l’accès aux toilettes payé, que l’usager bénéficie d’un bon à valoir dans tous les restoroutes du groupe, sur ses futurs achats ou consommations dans l’aire de ravitaillement. A Bavois, mieux vaut donc anticiper et programmer ses besoins naturels, et ne surtout pas avoir envie d’aller aux toilettes après avoir consommé.