«Fin des véhicules thermiques à Lausanne en 2030? Ce délai ne sera tout simplement pas tenu!»

MOBILITE • Dans une question écrite adressée à la Municipalité, le conseiller communal PLR Jacques Pernet se dit surpris par le silence de la Ville quant à la mise en œuvre de l’interdiction des véhicules thermiques dès 2030. En primeur, il nous confie ses inquiétudes.

Lausanne Cités: Dans votre question écrite, vous estimez qu’il est urgent que la Municipalité annonce les mesures prévues en vue de l’interdiction des voitures thermiques en 2030, pourquoi un tel empressement?
Jacques Pernet: Car 2030, c’est après-demain! Les Lausannois ont le droit de savoir où ils mettront les pieds. En d’autres termes, ce n’est pas le 31 décembre 2029 qu’il faudra informer la population. Les gens doivent pouvoir s’y préparer, certains devront économiser pour s’acheter un véhicule électrique, d’autres décideront peut-être de déménager. Bref, tout ceci nécessite un agenda clair de la part de la Municipalité même si je doute que 2030 soit réaliste…

Vous sous-entendez qu’il sera impossible de tenir ce délai?
Oui, c’est tout simplement impossible. Car pour y parvenir, il faut d’abord multiplier les bornes de recharge en ville et on en est très loin. Je vous donne un exemple, cela fait des années que je me bats pour avoir le droit d’installer une station de recharge sur ma place de parc et même en la payant, je n’essuie que des refus! Sans infrastructures adaptées et sans feuille de route, cela va être un enfer!

A votre avis, pourquoi la Municipalité tarde-t-elle à dévoiler sa feuille de route?
Ils ne savent tout simplement pas où ils vont mettre les pieds. Ils ont aussi peur d’une levée de boucliers s’ils commencent à dévoiler ce qui attend les Lausannois. C’est donc un mélange de doutes et de craintes. Pourtant, s’ils étaient droit dans leurs bottes, ils expliqueraient leur vision et le dialogue pourrait s’installer, je ne souhaite que cela.

Dans votre question écrite, vous rappelez qu’une interdiction des véhicules thermiques en 2030 pourrait impacter les services de livraison, pourquoi?
C’est très simple, s’ils ne peuvent pas accéder à Lausanne car ils ont des camions ou camionnettes à essence ou diesel, ils devront s’arrêter en périphérie et amener leurs tonneaux de vin et autres boîtes de conserve en vélo cargo (rires). Vous imaginez le chaos que cela va créer? Et les coûts supplémentaires qui seront engendrés? C’est délirant!

Sur le principe, vous êtes favorable à l’interdiction des voitures thermiques en ville?
Tout d’abord, je suis favorable à la voiture électrique même si elle n’est pas totalement propre comme on essaie de nous le faire croire. Son bilan écologique global est contrasté à cause de l’extraction des métaux nécessaires à sa fabrication. Par contre, interdire tous les véhicules thermiques à Lausanne, c’est clairement exagéré. Avec une telle interdiction, on méprise ceux qui habitent hors de la ville et qui contribuent à faire tourner son économie, je pense aux habitants du Gros-de-Vaud, de Renens, Pully, Prilly ou Morges. Et ça, je ne peux l’accepter.