L’aigle européen de retour dans nos cieux

FAUNE • Imaginez un aigle, volant au-dessus de Lausanne. Pas n’importe lequel: le pygargue à queue blanche. Il s’agit de l’aigle européen disparu depuis 130 ans de son habitat naturel. Une commission scientifique vient de donner son feu vert à sa réintroduction dans nos contrées.

  • Légende 2: Le fauconnier Jacques-Olivier Travers. DR

    Légende 2: Le fauconnier Jacques-Olivier Travers. DR

Le fauconnier Jacques-Olivier Travers est aux anges. Il a voué les quinze dernières années au retour du pygargue à queue blanche, dans la nature. «On l’appelle aussi l’orfraie. C’est le plus grand aigle du monde pouvant atteindre jusqu’à 2,50 mètres d’envergure.» Avant d’ajouter: «Si nos enfants ont un jour la chance de voir cet oiseau voler dans le ciel lémanique, j’aurai apporté ma petite pierre à l’édifice.»

Sensibilisation de la population

Pour mener à bien ce projet fou, le fauconnier a mis au point un programme de conservation et de réintroduction de l’espèce, assorti d’opérations de sensibilisation et de communication. «Si on veut que la réintroduction se passe bien, il faut l’accompagner d’un processus de sensibilisation de la population». Grâce à de petites caméras fixées sur leur dos, ont été tournées des images exceptionnelles de ces oiseaux s’élançant de la Tour Eiffel à Paris ou du Tower Bridge à Londres. Mais aussi, en mars 2015, de la plus haute tour du monde, la Burj Khalifa à Dubaï. Pourquoi un tel battage médiatique? «L’effort de communication est essentiel pour la réussite de la réintroduction d’une espèce sauvage», insiste Jacques-Olivier Travers, ancien journaliste.

Aucun danger

Selon lui, plus le grand public connaîtra le pygargue à queue blanche, plus il acceptera son retour dans son milieu naturel. De quoi susciter des craintes? «Le pygargue n’a jamais attaqué l’homme», rappelle le spécialiste. Quant à un éventuel impact sur les activités de pêche, là encore, le fauconnier rassure: «Ce rapace était un maillon essentiel de la chaîne alimentaire du Léman. Sa réintroduction permettra de rééquilibrer cette dernière en exerçant une pression sur des espèces devenues invasives en son absence: cormoran, harle bièvre ou encore goélands.» Le programme prévoit de relâcher les six premiers jeunes pygargues à queue blanche en 2022. Marie Prieur