Punaises de lit: l’invasion s’accélère!

FLEAU • Lausanne fait face à une recrudescence de punaises de lit. Tacite, car les gérances tardent à prendre les devants pour les éradiquer et il est difficile pour les locataires de les identifier correctement.

À cause d’une invasion de punaises de lit, la vie de Nadine* a basculé du jour au lendemain: «Vu ma forte réaction, je n’ai pas été en mesure de retourner vivre dans mon appartement et je dois maintenant trouver un nouveau logement. J’ai dû voir deux dermatologues, la gérance n’a participé à aucun frais, j’ai à peine réussi à résilier le bail avec un mois d’avance. Les punaises n’étaient pas de mon fait, mais tout a été à ma charge. Pour me sortir de cette impasse, j’ai fait appel à une avocate.»

A la charge du bailleur

Selon l’Asloca, les frais d’élimination des punaises de lit sont à la charge du bailleur, à moins qu’il n’arrive à prouver que le locataire est responsable de la présence des punaises de lit. Ce que confirme Nicolas Daina, expert en estimation immobilière à la direction de la gérance Robert Crot & Cie à Lausanne: «Le locataire doit signaler sans délai tout défaut à la chose louée de manière à limiter les dommages qui pourraient s’ensuivre. Les informations sont à communiquer au gérant, respectivement au concierge. Dans les cas graves et en dehors des heures ouvrables, la police ou les pompiers peuvent être alertés.»

La punaise de lit passait pour disparue depuis les années 50. Cependant, cet insecte qui mesure de cinq à huit millimètres s’est repointé il y a une dizaine d’années: «Les punaises sont parfois difficiles à identifier, note Yasar Unver de la société A-team Désinfection. C’est pourquoi nous procédons aux inspections à l’aide de chiens dressés de sorte à repérer la présence ou non de ses nuisibles, ou encore l’étendue d’une infestation.» La femelle en pond quelques centaines durant son existence et peut en déposer de cinq à dix par jour, notamment dans des endroits difficiles d’accès comme les plinthes, les fentes ou les trous derrière le mobilier, les matelas et les recoins plutôt oubliés. «Les effets de piqûres de punaises de lit sont différents chez chacun et il incombe à un médecin de livrer un diagnostic, car personne ne peut se prononcer sur l’insecte en cause», ajoute Yasar Unver.

Graves conséquences

L’action de piquer est suivie par la succion du sang de leur hôte durant une dizaine de jours. Avec parfois de graves conséquences comme en témoigne Ylénia*, une Lausannoise qui a frôlé la septicémie: «J’ai dû prendre de la cortisone, des antibiotiques puissants, j’ai eu une réaction si forte que j’en ai souffert pendant des mois. La gérance n’est pas entrée en matière pour rembourser les frais médicaux, j’ai été déçue.» Alors quelles solutions? «Il faut s’adresser à un spécialiste, avertit Nicolas Daina. Nous savons toutefois que les punaises de lit sont véhiculées par l’homme et invitons les locataires à inspecter soigneusement les objets d’occasion qu’ils introduisent dans leur logement». Selon nos informations, une régie connue sur la place lausannoise a admis que plusieurs bâtiments étaient sujets à ces infestations. Pourtant, aucune mesure radicale n’a été prise. Pas de quoi mettre un terme à ce fléau…

*prénom fictif, identité connue de la rédaction