Test sérologique, mais pas de pass: «J’ai été trompé»

GROGNE • D’anciens malades guéris du Covid se voient refuser le pass Covid après un test sérologique positif jugé trop ancien. Ils dénoncent une erreur de communication qui les oblige à aller se faire tester une nouvelle fois à leurs frais.

  • Seuls les tests sérologiques effectués après le 15 novembre, valables en Suisse pour trois mois, donnent droit au pass Covid. 123RF

    Seuls les tests sérologiques effectués après le 15 novembre, valables en Suisse pour trois mois, donnent droit au pass Covid. 123RF

«On se moque de nous». Matthias n’en démord pas: le trentenaire, qui œuvre dans la santé, n’a pas obtenu son pass sanitaire, malgré une sérologie qui atteste qu’il a bien été infecté par le coronavirus. Problème: son test a été réalisé avant le 16 novembre, autrement dit trop tôt pour obtenir le précieux sésame. «J’ai payé plus de 60 francs pour rien. Je suis écœuré», dénonce Matthias.

Couac de communication

A l’origine de cette mésaventure, une offre alléchante des autorités fédérales. Le 3 novembre, l’OFSP annonce en effet: «A partir du 16 novembre, les personnes en mesure de prouver, à l’aide d’un test sérologique récent, qu’elles ont guéri et disposent de suffisamment d’anticorps pourront obtenir un certificat Covid.» Rien sur une quelconque nécessité d’attendre jusqu’au 16 novembre pour procéder au test. Prévoyant, Matthias s’empresse de prendre rendez-vous. Il se rend, le 13 novembre, dans une permanence médicale pour le prélèvement. Trois jours plus tard, malgré un résultat positif, le personnel lui explique qu’il n’a pas droit au pass, car le test a été réalisé trop tôt.

Nouveau test

Furieux, il demande des explications. «Le laboratoire m’a affirmé ne rien pouvoir faire pour moi», dénonce le trentenaire.

Même son de cloche du côté des autorités sanitaires cantonales: «A notre connaissance, il n’y a pas eu de plaintes ou de témoignages à ce sujet, précise Cathy Gornik, porte-parole au Département de la santé et de l’action sociale (DSAS). Par ailleurs, la décision de ne prendre en compte des test sérologiques positifs qu’à partir du 16 novembre pour obtenir un certificat relève de la compétence de l’OFSP.»

Hausse des rendez-vous

Difficile de savoir combien de personnes se retrouvent dans cette même situation. Contacté, un centre de prélèvement confirme en tout cas un pic de fréquentation pour ce même motif, avec une dizaine de personnes venues se faire tester chaque jour avant la date limite.

«Personne n’a voulu reconnaître que l’information n’était pas claire et accepter les sérologies antérieures à la date stipulée. Je me suis fait avoir», conclut Matthias, résigné à reprendre rendez-vous et à payer un second test.

«Le taux varie d’un labo à l’autre!»

Christian n’en revient toujours pas. Sa compagne a fait faire un test sérologique dernièrement afin de vérifier son taux d’anticorps. Résultat du laboratoire: «Vous êtes à 1,9 micro-unités par millilitre de sang.» En dessous de 2, le laboratoire MGD considère que le patient est négatif et ne lui délivre pas le certificat Covid valable en Suisse durant 90 jours. Sachant que d’autres amies avaient eu ledit pass avec un résultat moins élevé, le couple s’interroge et commence à faire le tour des laboratoires. «Chez Unilabs, on nous a répondu que c’était 1,39, commente Christian. Et chez Dianalabs: 0,85.» Des chiffres que l’on nous confirme en quelques coups de fil. Comment expliquer de telles variations? N’y a-t-il pas de normes fédérales? Selon les autorités cantonales, ce sont les firmes qui fabriquent et vendent les tests sérologiques aux laboratoires qui déterminent les seuils de positivité de leurs produits. Aussi, ces seuils varient d’une marque à une autre et d’un produit à un autre... CQFD!