Un macaron anti-pollution? C’est non!

POLLUTION • L’idée genevoise d’instaurer une circulation différenciée des véhicules pour lutter contre la pollution ne séduit pas du tout dans le canton de Vaud.

  • Comment gérer efficacement les pics de pollution?  DR

    Comment gérer efficacement les pics de pollution? DR

Ça y est Genève l’a fait. Enfin presque Le canton du bout du lac s’apprête à introduire, en cas de pic de pollution, une circulation différenciée des véhicules. Avec à la clé, inspiré de l’exemple français, un macaron fondé sur les performances environnementales des véhicules. En clair, en cas de pic de pollution certains véhicules seraient autorisés à circuler tandis que d’autres devraient être relégués au passage.

Pour séduisante qu’elle soit, et malgré les problèmes de qualité de l’air dans l’agglomération lausannoise, l’idée ne séduit pas de ce côté-ci de la Versoix. Mais alors pas du tout, y compris dans les milieux liés à la défense de l’environnement.

«Certes, la démarche en tant que telle est positive car elle donne un signal clair en faveur d’une mobilité non polluante, explique Xavier Company, président des Verts lausannois. En outre elle aurait l’avantage de donner aux propriétaires d’automobiles, des informations claires et personnelles sur le niveau de pollution de leur véhicules, ce qui est rarement le cas. Mais l’idée est décevante car elle ne prendrait effet qu’en cas de pic de pollution . Il faudrait donc réfléchir à une solution bien plus globale».

Peu efficace et discriminatoire

Secrétaire générale de la section vaudoise de l’association Transports et Environnement, Valérie Schwaar pointe également son scepticisme quant à une telle mesure. «Je ne suis pas persuadée que ce genre de vignette soit vraiment efficace, relève-t-elle. Je préférerais que l’on recoure à des mesures comme l’interdiction pure et simple du centre-ville de Lausanne pour l’ensemble des véhicules les plus polluants. C’est d’une part bien plus efficace en termes de protection de l’environnement, mais aussi moins discriminatoire sur le plan social. Car avec la vignette on touche de manière individuelle des gens comme des artisans ou des employés de PME qui ont besoin de leur voiture, sans autre alternative».

Au niveau des autorités cantonales, auxquelles reviendrait légalement la charge de la mise en place d’une telle mesure, l’idée est également écartée, sans la moindre hésitation: «Dans le canton de Vaud, le rapport coût/efficacité et la faisabilité pour notre territoire n’ont pas été jugés satisfaisants pour qu’une mesure similaire soit mise en œuvre, détaille Denis Rychner, en charge de la communication pour la Direction générale de l’environnement. D’un point de vue de la protection de l’air, une telle mesure, qui touche moins d’un véhicule sur dix en circulation dans le canton et qui n’est activée que quelques jours par année, n’apparaît pas proportionnée et ne permet pas de réduire sensiblement les niveaux de pollution.»

Autorisation fédérale

Et d’ajouter: «Cette mesure implique en effet de créer un macaron qui définit la classe environnementale des véhicules et d’en définir les modalités d’obtention pour tous les automobilistes (pas seulement ceux du canton concerné). Une autorisation fédérale pour la création de ce macaron est en outre nécessaire et un système de contrôle doit être mis en place».

En matière de protection de l’environnement, la balle reste donc dans le camp du canton. «La Ville de Lausanne reste intéressée par toute solution qui serait mise en place par le Canton pour combattre efficacement la pollution de l’air, notamment celles qui seraient développées dans le cadre de la révision en cours du plan de mesures Opair», conclut la municipale lausannoise Florence Germond.

Charaf Abdessemed