La conduite autonome victime des humains!

TECHNOLOGIE • L’histoire a fait le tour du monde: une navette autonome des Jeux paralympiques de Tokyo a renversé un athlète malvoyant. Pas si simple…

  • Plusieurs navettes autonomes se promenaient durant les Jeux paralympiques. DR

Il voulait traverser la route. Le judoka malvoyant japonais Aramitsu Kitazono a été renversé par une navette autonome mise à disposition par Toyota. Il a subi des blessures légères, qui l’ont tout de même empêché de participer à la compétition suivante.

L’anecdote ne manque pas de piquant. La navette e-Palette roulait à une «vitesse» de 1 à 2 km/h quand elle l’a heurté. Normalement, ces sortes de minibus se conduisent tout seuls et, évidemment, s’arrêtent dès qu’ils détectent un piéton, un cycliste ou tout autre obstacle. Durant la manifestation olympique, deux opérateurs remettent le véhicule en route lorsque cela se produit, en vérifiant que la voie est libre. De plus, des vigiles surveillent les carrefours pour éviter les accidents.

La navette en question a freiné trop tard. La presse locale a ainsi affirmé que les opérateurs présents avaient actionné les freins au dernier moment. Leur vision très humaine a été l’objet d’une interprétation: le piéton devait réaliser que la navette était en approche et aurait dû s’arrêter. Ce que le judoka n’a pas fait. C’est donc l’humain qui n’a pas utilisé la pédale au bon moment.

Qui décide?

La marque s’est excusée par la voix de son président Akio Toyoda. Il a également déclaré que cela montrait que les voitures à conduite pilotée ne sont pour le moment pas réalistes pour fréquenter les routes normales. Selon lui, les systèmes embarqués ne sont pas près de surpasser les réflexes et ce qu’un humain a emmagasiné comme expériences. Il a regretté toutefois que des limitations et des restrictions trop nombreuses empêchent la mise au point de ces technologies.

Des mesures ont été prises pour la suite des manifestations. Elles consistaient notamment à augmenter le son des avertisseurs de ces navettes, et transférer les accélérations et les freinages aux humains, qui ont par ailleurs été mieux entraînés à affronter un maximum de scénarios. Qu’une voiture maintienne la distance de sécurité avec la précédente sur autoroute, voire qu’elle assure seule un dépassement, soit. Pour la ville, les scénarios sont si variables que l’intelligence artificielle a encore bien des progrès à faire.