«Ce qui comptele plus, c’est de sensibiliser le grand public au scandale du gaspillage alimentaire»
Comment vous est venue l’idée de créer les Soirées 2e service?
C’est au moment de mon arrivée au conseil communal que l’idée m’est venue. Les premiers mois y ont été rudes, le temps que l’apprentissage se fasse. Alors que j’étais à la recherche d’un sujet intéressant, j’ai vu passer par hasard une camionnette de Table Suisse. Un peu naïvement, je les ai appelés et c’est comme ça que j’ai rencontré Baptiste Marmier (ndlr, le responsable pour les cantons de Vaud et de Neuchâtel). Ce jour-là j’ai appris quelque chose qui m’a beaucoup surpris...
De quoi s’agit-il?
J’ai compris que contrairement à ce que je pensais, Table Suisse ne manque absolument pas de nourriture, bien au contraire. Que la question n’était donc pas en termes de disponibilité d’aliments, mais bel et bien de redistribution. C’est comme ça que l’idée des Soirées 2e service est née: proposer des repas confectionnés à partir d’aliments encore bons à la consommation mais dont la date de vente était dépassée...
Pourquoi avoir voulu que ces repas soient cuisinés par de grands chefs de la gastronomie?
Je voulais associer les contraires: des aliments dont on croit qu’ils ne sont plus mangeables, à des chefs que l’on assimile toujours à la qualité gastronomique. Le but final étant de surprendre le public, plus d’ailleurs par une sensation gustative que par un raisonnement intellectuel!
Convaincre des chefs, dont certains sont mêmes recensés au Gault & Millau, a-t-il été facile?
Non pas au début! Mais on finit toujours par rencontrer des personnes ouvertes avec un petit grain de folie pour tenter des choses nouvelles. Ce qui m’a en outre frappé, c’est qu’à chaque fois, les chefs ont été très surpris du niveau de qualité des produits récoltés par Table Suisse, des aliments destinés au départ à la poubelle. Mais il faut dire que leur expérience et leur créativité y sont pour beaucoup!
Au fond, il est clair que ces soirées ne permettent pas d’écouler les surplus de Table Suisse?
Non ce n’est pas envisageable du tout - il y en a trop - et ce n’est pas vraiment l’objectif. Ce que nous cherchons avant tout avec Table Suisse, c’est de sensibiliser le grand public à la problématique du gaspillage alimentaire, à l’importance de la redistribution, le tout en vivant une authentique expérience culinaire.
Comment se présente cette troi-sième édition?
Très bien, car ce sera vraiment une première suisse: à Lausanne, nous serons les premiers, sur 5 soirées, à faire venir 500 personnes nourries uniquement à partir de surplus alimentaires. En outre, afin d’élargir le public, nous avons décidé de rendre les soirées plus abordables en baissant le prix à 60 francs, boissons non alcoolisées comprises.
Ces soirées dégagent-elles des bénéfices?
Dans le meilleur des cas, nous tablons sur 10’000 francs cette année! Ces bénéfices seront reversés à l’opération Cœur à Cœur de la RTS qui œuvre en faveur des jeunes vivant dans la précarité. D’ailleurs, ce sont des jeunes du Semestre de motivation qui assureront le service.
Vous faites aussi de la politique. Ne craignez-vous pas que l’on voie dans ce projet des arrières-pensées électoralistes?
Franchement je le fais bénévolement, ainsi d’ailleurs que tous les partenaires impliqués dans le projet, y compris les chefs. Aussi bien Baptiste Marmier que moi-même y consacrons au moins 150 heures de travail. Alors, ce qui compte pour moi, c’est de faire une action positive qui soit en complète adéquation avec mes valeurs. Et puis, la problématique du gaspillage alimentaire n’est ni de droite ni de gauche, elle concerne tout le monde.
Soirées 2e Service du 19 au 23 décembre dès 19h au Cazard (Rue Pré-du-Marché 15, 1004 Lausanne). Réservation obligatoire sur le site www.2emeservice.ch