Lausanne Cités: Cette année, contrairement à l’année dernière, tous les signaux sont au vert pour que le meeting se déroule dans les meilleures conditions. A quelques jours de son ouverture, vous êtes, j’imagine, confiant et serein?
Jacky Delapierre: Serein, en tous cas pas. Je passe par des phases qui ont des hauts et des bas, non pas en ce qui concerne le plateau, car on a beaucoup travaillé avant et pendant les Jeux Olympiques et, à ce titre, je peux dire aujourd’hui que les meilleurs athlètes du monde ont envie de venir à Athletissima qui est devenu l’un des trois meetings les plus prisées des athlètes pour concourir, après Eugene aux Etats-Unis et le Weltklasse de Zurich.
Sur ce plan pas de problème donc, mais des inquiétudes liées à la situation sanitaire...
C’est effectivement plus compliqué avec la pandémie, parce qu’on veut absolument garantir la sécurité du public comme des athlètes. Et si on veut en même temps donner du confort, il faudra strictement respecter les règles édictées par l’OFSP et le Canton. Cela signifie clairement que le certificat COVID sera nécessaire pour accéder à l’enceinte du stade olympique, ce qui permettra ensuite aux spectateurs d’entrer dans une sorte bulle où le port du masque ne sera pas nécessaire et dans laquelle on pourra donc vivre en toute liberté, comme avant.
Ce meeting va se dérouler à peine trois semaines après la clôture des JO de Tokyo, des Jeux que vous avez évidemment suivis avec attention. Globalement, comment les avez-vous vécus?
Ce qui m’a frappé le plus, c’est qu’au final, et en raison de la pandémie, on a réussi à créer avec les Jeux un produit télévision. Ça devait être très, très dur pour les athlètes de courir sans public, mais le téléspectateur que j’ai été n’a pas vraiment senti ce manque de chaleur humaine dans la performance. Ces derniers Jeux ont donc démontré qu’on pouvait créer quelque chose de gigantesque avec moins de monde, avec une autre approche, mais qui n’est pas celle dont les athlètes ont besoin pour réaliser leurs performances…
Ce qui peut paraître paradoxal, parce que des performances il y en a eu un tas à Tokyo, des records sont tombés, et si on prend l’athlétisme, on a assisté à de superbes confrontations...
C’est vrai, mais il ne faut pas oublier qu’une grande partie de ces résultats sont le fait d’athlètes qui ont été privés de compétitions durant la pandémie. Ils n’ont pas pu participer à beaucoup de meetings. Ils ont été en quelque sorte dans une bulle durant dix-huit mois avec un seul objectif, les JO de Tokyo pour pouvoir montrer qu’ils existaient. Ils ont pu focaliser leur préparation sur cet unique rendez-vous. Ceci confirme que la performance dépend essentiellement de l’entraînement, mais aussi du mental et de l’état d’esprit. Cette approche quasi monacale des athlètes avec un seul but leur a permis de se concentrer dessus et de réaliser les performances auxquelles on a assisté.
C’est en tous cas de bon augure pour Athletissima où on va notamment retrouver beaucoup de ces athlètes, notamment toutes celles qui se sont opposées dans le 100 m féminin, les Suissesses Ajli del Ponte et Munjinga Kambudji et les Jamaïcaines Elaine Thompson-Herah et Shelly-Ann Fraser-Pryce …
Effectivement, toute l’équipe qui a couru à Tokyo sera présente. Plus globalement, on a essayé de mettre les meilleurs athlètes suisses dans les épreuves qu’on a organisées à Lausanne. Ajli et Munjinga sur le 100 mètres, mais aussi Jason Joseph sur 110 mètres haies, Ricky Petrucciani sur le 400 mètres ou encore Loïc Gasch à la hauteur et Jonas Raess sur le 3000 m pour ne citer qu’eux.
Et puis il y aura bien sûr des têtes de séries, des champions olympiques, dont un certain Karsten Warholm. Le Norvégien est le nouveau champion olympique du 400 mètres haies…
Effectivement, et dont le but affirmé est de battre, à Lausanne, le record d’Europe du 400 mètres plat détenu depuis 37 ans par l’Allemand Thomas Schönlebe. Mais seront aussi présents des athlètes comme Armand Duplantis et Renaud Lavillenie à la perche, le Qatari Mutaz Essa Barshim, dieu du saut en hauteur, qui en découdra avec les meilleurs de la spécialité dans le cadre du City Event qui aura lieu Place de l’Europe, la veille du meeting (lire ci-dessous). Bref, beaucoup, beaucoup de champions.
On ne peut évidemment pas ne pas évoquer cette réunion sans parler de la «régionale» de l’étape», Léa Sprunger, qui va mettre fin à sa carrière cet automne. Une magnifique sportive qui s’en va…
Une magnifique sportive, une grande dame qui peut être fière de son parcours, malgré un moment d’égarement lors de ces derniers JO. Il y aura donc sans doute beaucoup d’émotion à la Pontaise, dans le public, comme pour elle puisque c’est dans le cadre d’Athletissima qu’elle a découvert l’athlétisme avec ses parents comme spectatrice, quand elle avait 11-12 ans. Elle va courir le relais du 4x100 m, dernière course de la soirée avec une équipe particulière, le team Sprunger, qu’elle aura elle-même composé.
Athletissima, Stade de la Pontaise, jeudi 26 août
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