Jacky Delapierrre est comme Rodin: il sculpte, mais dans le monde de l’athlétisme, pour offrir au public un plateau, à l’image du jardin, extraordinaire. Ainsi cette année, il y aura au menu du 6 juillet, 26 champions olympiques - dont 13 titrés à Rio - et du monde. Dans son bureau le patron du meeting s’affaire. L’autre jour, il y avait encore des affaires à faire.
Lausanne Cités: Est-il plus difficile qu’auparavant de faire venir des athlètes à Lausanne?
Jacky Delapierre: La pire année, depuis la création du meeting, ça a été en 2016, on venait après les Jeux qui avaient eu lieu sur un autre continent. Le climat, le jetlag, la peur d’avions en provenance d’Amérique latine et le prix très cher des billets ont été des éléments qui nous ont compliqué la vie. Bon, il n’y a pas une année qui est la même, mais la présente est une année bonheur.
Quel est le budget d’Athletissima?
Il varie peu, il est de 4,7 millions de francs. On a dépensé moins d’argent que les autres années dans la mesure où tous les athlètes veulent venir chez nous. Pour la plupart, ils chercheront à atteindre une limite en vue des mondiaux de Londres, en août.
Vous payez les athlètes en dollars américains ou en euros?
En dollars, parce que c’est la monnaie de la Fédération internationale (IAAF). Sa comptabilité est en dollars.
Usain Bolt effectue sa dernière saison. Sa présence, ou non, à Lausanne, a-t-elle été un thème dans les discussions?
Oui, le problème, c’est qu’Usain ne veut que des courses où il peut gagner. J’en ai parlé avec Ricky Simms, qui est son agent. Je ne peux décemment pas refuser les meilleurs athlètes du monde pour lui. L’argent que nous n’avons pas dépensé pour Bolt permet ce plateau extraordinaire.
Vous êtes connu et reconnu pour être un visionnaire. Alors, un record du monde, ou de Suisse, peut-il être battu le 6 juillet?
A chaque fois que j’ai parlé d’un record, il s’est produit ailleurs. (Il sourit). Au triple saut, Christian Taylor (champion du monde et olympique) est en grande forme. Il a sauté dernièrement à plus de 18m (record du monde détenu par Jonathan Edwards avec 18,29m). Sur le mile des dames (1609m, 2e apparition à Lausanne après celle de 1992), Genzebe Dibaba devrait pouvoir le battre (record du stade, 4’21”30 et du monde, 4’12”56).
Et au niveau suisse?
L’athlétisme de notre pays n’a jamais été aussi bon. Dans chaque étape de la Diamond League, nous avons des représentants. C’est une première. Des athlètes figurent dans les classements mondiaux, dont certains en bonne place, d’autres vont y arriver aussi. Les Européens de Zurich en 2014 ont été une rampe de lancement. Le 400m haies, avec Lea Sprunger, entourée des trois médaillées des JO de Rio, promet beaucoup. Le record d’Anita Protti (54”25 en 1991) est en grand danger.
Pour cette édition, le patron que vous êtes s’est-il permis une extravagance?
J’aurais bien voulu, mais les athlètes m’en ont privé. Ils ont tous voulu venir. A part ça, le 6 juillet est une date idéale, car elle survient 10 jours après les championnats des Etats-Unis et de la Jamaïque. Les athlètes auront donc du temps pour récupérer et se présenter en forme à Lausanne.
Athletissima est parti pour rester à la Pontaise jusqu’en 2025...
... en principe, mais aujourd’hui, la date exacte n’est pas connue. Pour se mettre en conformité, une obligation imposée par la Diamond League, le stade olympique subira des travaux.
Le vieux stade sera-il plein?
Aujourd’hui, il reste encore des places dans tous les secteurs. Il en va ainsi chaque année, mais nous ne nous faisons pas de souci. Il le sera.