AVS: «Cette réforme garantit le système de prévoyance»

  • Le dimanche 24 septembre, le peuple suisse devra se prononcer sur la réforme des retraites. Pour le Conseil fédéral, elle garantit les rentes et les maintient à leur niveau actuel, elle prévient les déficits et elle modernise la prévoyance vieillesse.
  • La réforme est soutenue essentiellement par les partis de gauche et du centre qui estiment que la réforme est un bon compromis et qu’elle permettra d’assurer les rentes et de renforcer l’AVS. Elle est combattue par l’UDC, le PLR et de nombreuses associations économiques. Ils estiment que la hausse des rentes provoquera un endettement supplémentaire de plusieurs milliards dans les prochaines décennies.
  • Pour en débattre, Lausanne Cités vous propose un face à face entre la Conseillère nationale PS Rebecca Ruiz et son collègue PLR Olivier Feller.

  • REBECCA RUIZ, CONSEILLÈRE NATIONALE SOCIALISTE

    REBECCA RUIZ, CONSEILLÈRE NATIONALE SOCIALISTE

REBECCA RUIZ, CONSEILLÈRE NATIONALE SOCIALISTE

Lausanne Cités: En automne 2016, le peuple a dit non à la réforme AVSplus. Quelle est, à vos yeux, la principale raison qui, aujourd’hui, devrait pousser ce même peuple à soutenir ce nouveau projet ?

Rebecca Ruiz: Cette réforme est celle qui garantit le système de prévoyance tel qu’on le connait. L’AVS et le 2e pilier font face à des défis de taille, en particulier le vieillissement, et PV 2020 permettra d’y faire face tout en maintenant le niveau des rentes. C’est indispensable si on veut permettre aux gens qui ont travaillé toute leur vie de vivre dignement à la retraite.

Pourquoi vous contentez-vous d’une solution qui n’est pas issue d’un réel compromis et qui, dans le fond, ne satisfait personne réellement?

C’est un vrai compromis! Qui réunit des représentants de l’économie romande, de la gauche, du centre droit, des paysans, des personnes âgées et des organisations féminines. Comme femme de gauche, je soutiens ce projet qui assure le versement des rentes et qui prévoit par ailleurs de vraies améliorations pour les futurs rentiers comme la flexibilisation de l’âge de la retraite ou l’amélioration des rentes du 2e pilier pour les femmes.

Si le oui l’emporte, l’AVS n’obtiendra qu’un répit de quelques années. On sait qu’à partir de 2027, elle sera de nouveau dans le rouge. Dans le fond, voter oui, ne résout rien…

Dans tous les pays du monde, on réforme régulièrement le système des retraites. Et sécuriser le versement des rentes jusqu’en 2030, ce n’est pas rien! Ensuite évidemment il faudra prévoir les prochaines étapes sur la base de l’évolution du marché du travail, de la longévité de la population, de la situation des rendements sur les marchés financiers et bien sûr de l’état du fonds AVS.

Que répondez-vous à celles et ceux qui disent que de toute manière cette réforme introduit une AVS à deux vitesses, car les rentiers actuels ne recevront pas les 70 francs supplémentaires promis ?

Les 70 francs seront versés aux futurs rentiers car eux seront touchés par la baisse du taux de conversion de 6.8% à 6% dans le 2e pilier, ce qui n’est pas le cas des rentiers actuels qui conservent leur rente actuelle. La réforme est toutefois bonne pour les retraités actuels car elle assure aussi le versement de leurs rentes pour les 15 prochaines années.

Et qu’elle se fait sur le dos cette réforme des jeunes?

La réforme pérennise notre système et empêche l’augmentation de l’âge de la retraite à 67 ans. Les jeunes pourront ainsi profiter de l’AVS en particulier le moment venu.

… et sur le dos de femmes?

Je regrette l’augmentation de l’âge de la retraite à 65 ans car l’égalité salariale, elle, n’est toujours pas une réalité. Mais des compensations permettront aux femmes d’améliorer leurs rentes du 2e pilier. De plus, celles qui ont des bas salaires et des métiers pénibles qui voudront partir à 62, 63 ou 64 ans pourront le faire en étant gagnantes financièrement.

Lire aussi: AVS: «Avec ce projet, il n’y a que des perdants!»  

Les forces en présence

A une dizaine de jours du vote, c’est l’incertitude qui continue de prédominer. Les camps sont partagés, si bien que l’issue du vote sur la réforme Prévoyance vieillesse 2020 est très incertaine.

Le camp des pour

Le PS, les Verts, les Vert’libéraux, le PDC et le PBD se sont engagés pour le oui. Ils sont suivis par une coalition hétéroclite qui regroupe un comité bourgeois en faveur de la réforme avec le Centre patronal vaudois, l’USS, le Travail Suisse, Unia, le Conseil suisse des aînés, l’Union suisse des Paysans, Migros ou encore Pro Senectute.

Durant cette campagne, le Conseiller fédéral Alain Berset n’a cessé de la répéter: «La réforme que le Conseil fédéral et le Parlement ont élaboré au cours des dernières années, assure et maintient le niveau des rentes, stabilise l’AVS (Assurance-vieillesse et survivants) et adapte l’assurance sociale la plus importante aux besoins actuels»

Le camp des contre

La colation qui s’oppose à la réforme est emmenée par le PLR, l’UDC et l’Union suisse des Arts et métiers. Elle mène sa campagne sur la base d’un slogan-choc: «Trahir les jeunes - Punir les retraités». L’UDF s’est jointe au mouvement, de même qu’Economie Suisse, une série d’autres petites organisation syndicales, le Parti suisse du travail, l’AVIVO et Coop. Le Conseiller national valaisan Philippe Nantermod a dénoncé une réforme qui ne résout pas les problèmes de l’AVS: «On n’assainit pas, on augmente les dépenses! Et on creuse les déficits. Nous sommes d’accord d’augmenter l’âge de la retraite et de relever la TVA, mais nous voulons des mesures de compensation ciblées», a-t-il exposé, fustigeant les 70 francs promis à tous les futurs rentiers.