Climat:« Les efforts de la Suisse sont positifs, mais insuffisants!»

Dans le cadre de l’établissement de son Plan climat, le Canton organise les premières Assises vaudoises du climat le 12 novembre au Swiss Tech Convention Center de l’EPFL.

Organisées par le Département du territoire et de l’environnement (DTE), elles permettront d’alimenter les réflexions afin de les ancrer dans la politique climatique cantonale.

La thématique environnementale est l’une des priorités de la législature 2017-2022. Entretien avec la cheffe du DTE Jacqueline De Quattro sur la situation vaudoise et nationale

  • Pour Jacqueline De Quattro, en matière de climat, les déclarations d’intentions ne suffisent plus . CELINE MICHEL

    Pour Jacqueline De Quattro, en matière de climat, les déclarations d’intentions ne suffisent plus . CELINE MICHEL

<blockquote>«Dans le canton de Vaud, nous avons observé une hausse de la température des eaux du lac Léman de 1°C en 50 ans»</blockquote> Jacqueline De Quattro

Lausanne Cités: Que contiendra le Plan climat cantonal, actuellement en préparation ?

Jacqueline De Quattro: Le Plan climat cantonal est basé sur trois axes d’action: réduire les émissions de gaz à effet de serre, prévenir et gérer les impacts des changements climatiques, suivre et documenter les mesures du plan climat, ainsi que les impacts des changements sur le territoire. Des actions concrètes sont déjà mises en œuvre, comme le soutien au développement des énergies renouvelables, subventions pour la rénovation et la production énergétique des bâtiments ou encore encouragements à la mobilité durable.

En Suisse, quelles sont les conséquences du réchauffement climatique?

Elles sont visibles à plusieurs niveaux. La température a augmenté de 1.8°C depuis 1850, les épisodes de canicule sont de plus en plus fréquents, les glaciers fondent à un rythme toujours plus soutenu, le régime des précipitations se modifie. Dans le canton de Vaud, nous avons observé une hausse de la température des eaux du lac Léman de 1°C en 50 ans, et les épisodes de canicule engendrent des pertes fourragères dans les alpages. De plus, le réchauffement dans l’arc alpin est deux fois plus fort que la moyenne planétaire.

L’objectif de la Confédération est de réduire les émissions de gaz à effet de serre à 1.5 tonne par habitant et par an (contre environ 5 actuellement), d’ici 2050. Quels sont les résultats actuels ?

Selon le rapport national sur la mise en œuvre de l’agenda 2030 pour le développement durable, la Suisse a dépassé ses objectifs intermédiaires dans le secteur du bâtiment et de l’industrie. Par contre, elle n’a pas atteint son objectif relatif aux émissions de CO2 provenant des combustibles fossiles, ni son objectif de stabilisation pour le trafic. De manière générale, la Suisse a diminué de 10,5 % ses émissions de gaz à effet de serre depuis 1990. Ce qui est positif tout en étant insuffisant.

Quels sont les plus grands défis pour notre pays?

Avec des ressources limitées et une assez forte densité de population, notre pays cumule de nombreux enjeux, parfois difficiles à concilier, sur un territoire restreint. Un glissement de terrain peut impacter des voies de communication, des milieux naturels protégés ou des habitations. Dans le même temps, le développement d’énergies renouvelables se heurte à des enjeux tels que l’interférence avec des radars de l’armée, l’empiétement sur des territoires d’oiseaux rares ou la protection des paysages. Il sera ainsi important d’augmenter les outils incitatifs, d’améliorer la résilience des systèmes naturels et humains ou encore de favoriser les investissements dans le secteur de l’énergie et des ressources.

Quelle est l’importance, selon vous, d’agir pour le climat?

La Conférence de Paris sur le climat a démontré que nous nous trouvons à un point de rupture. Les déclarations d’intentions ne suffisent plus. Nous devons être exemplaires si nous voulons bâtir un monde plus durable pour les nouvelles générations.