Dans les pentes lausannoises, les coureurs vont en baver…

TOUR DE FRANCE • Le samedi 9 juillet, Lausanne accueillera l’arrivée d’une étape de la Grande Boucle. Notre journaliste a roulé le final de cette étape au sein d’un peloton de rédacteurs et influenceurs internationaux. Impressions.

«On sent la population locale joyeuse et fière»

Après une pause gastronomique à Ouchy prenant la forme d’un incontournable «carac», notre peloton repart à l’assaut des cinq kilomètres à 4,6 % de pente moyenne menant jusqu’à la Pontaise. En ce premier matin d’été, à l’invitation de Vaud promotion, six journalistes et influenceurs spécialisés, testent le final suisse de la 8e étape que le 109e Tour de France empruntera sur 186 km le 9 juillet entre Dole (F) et Lausanne.

C’est devant le Château d’Ouchy, là où la route s’élève subitement, que les choses sérieuses commenceront. Dans les secteurs à 10% de l’avenue de Beaulieu et à 12% de l’avenue du Mont-Blanc, les favoris ne se feront aucun cadeau. Même à l’occasion de ce repérage, Michelle Surber ne nous en fait pas! La Zougoise n’a que trois ans mais déjà 60'000 km de cyclisme derrière elle. L’influenceuse du Team Veepee Women’s Cycling nous déposera «au train» peu après Ouchy laissant imprimé dans nos rétines fatiguées le souvenir de ses socquettes roses barrées d’un définitif «I’m sexy».

L’arrivée sur Lausanne se fait par les hautes écoles. Belle occasion d’admirer les lignes du Learning Center de l’EPFL. Arrive ensuite l’avenue de Rhodanie et les bords du lac. A cet endroit, ça «frottera» dur, comme on dit dans le jargon. Les prétendants à la victoire d’étape devront en effet se placer en tête de peloton avant d’aborder un final que Christian Prudhomme, grand patron d’ASO et fan de la course culte désormais disparue «A Travers Lausanne», pronostique «spectaculaire et promise à un puncheur».

Au sein de notre peloton, mêlant Hollandais, Suisses, Allemands et Français, une onomatopée internationale, suscitée par la beauté des paysages traversés, met tout le monde d’accord: «Ouah!» Elle se fait entendre dès les premiers kilomètres longeant le Lac de Joux. Les 176 coureurs du Tour entreront en territoire suisse à la hauteur du Brassus au km 113 et rallieront Le Pont, rive droite. Les commentateurs signaleront peut-être alors qu’un certain Edmond Audemars, champion du monde amateur en 1903 et lointain cousin du fondateur de la célèbre manufacture horlogère, est né à deux pas.

Col de Pétra Félix

Arrivera ensuite une mise en bouche de 4e catégorie: le méconnu «Col de Pétra Félix». C’est là à la croisée de la route menant au Mollendruz et de celle redescendant sur Romainmôtier que le premier coureur à passer empochera un point dans la course au fameux «maillot blanc à pois rouges» de meilleur grimpeur. Le faux plat menant au col du Mollendruz est l’occasion pour notre guide Alain Rumpf, bien connu des cyclistes francophones, de délivrer son analyse: «Cette montée de 5 km pour même pas 200 m de dénivelé ne devrait pas permettre de faire la différence. Les grosses équipes laisseront difficilement un coureur prendre le large là. Elles rouleront fort pour mener leurs meilleurs coureurs à bon port à Ouchy en l’occurrence. Et là, les costauds s’expliqueront dans la montée finale vers le stade olympique…»

Comme ses collègues, Ties Wijntjes apprécie particulièrement la descente vers Cossonay. «Le final de cette étape est de toute beauté! On a une vue panoramique sur le Léman mais aussi sur les Alpes et le Jura. C’est encore plus beau qu’une étape de montagne où on est enfermé dans des vallées.» Le Hollandais écrit pour Ride magazine. Son pronostique pour ce Dole-Lausanne? «La victoire d’un puncheur comme Wout Van Aert ou le champion du monde Julian Alaphilippe…»

Les villages déjà en fête

En attendant de voir si cette intuition s’avèrera juste, on poursuit notre descente sur Mont-La-Ville. Dans ces pourcentages modestes et sur ces routes bien dessinées au bitume impeccable, les coureurs fileront à 80 km/h. Suivront de longs faux plats descendants, entrecoupés de courtes côtes, que le peloton avalera presque sans effort sur sa lancée. L’Isle, Cuarnens, La Chaux et Cossonay défilent sous nos roues. Par endroits, des bicyclettes colorées décorent déjà les côtés de la route. On sent la population locale joyeuse et fière d’accueillir furtivement chez elle les «forçats de la route» pour ce qui demeure la troisième compétition sportive la plus suivie au monde, après les JO d'été et le Mondial de foot. A Echandens, trois ouvriers, refont une portion de route en vue du Tour. Tout doit être impeccable et le sera.

C’est hilare et «défoncée» aux endorphines que notre fine équipe se retrouve finalement sur la ligne devant le stade olympique. Là, une immense banderole rappelle à ceux qui l’ignoreraient encore que Lausanne sera «ville arrivée» de la 109e Grande Boucle. Il nous a fallu deux bonnes heures pour venir à bout des 56 km séparant Le Pont de la Pontaise. Le 9 juillet, les meilleurs mettront moitié moins…

Où et quand voir passer les coureurs?

Col du Mollendruz entre 16h25 et 16h43. Cossonay entre 16h50 et 17h10. Préverenges entre 17h08 et 17h30. Lausanne (entrée) entre 17h17 et 17h41. Les coureurs passeront successivement par l’Av. de Rhodanie, l’Av. d’Ouchy, l’Av. de la Gare, l’Av. Georgette, la Pl St François, la rue du Gd Chêne, le Pont Chauderon, l’Av. de Beaulieu, l’Av. Jomini, l’Av. du Mt- Blanc et la Rt des Plaines du Loup. Arrivée à la Pontaise entre 17h28 et 17h53. Remarque: L’inénarrable caravane publicitaire passe 1h30 avant les premiers coureurs.

Une étape à 1,5 million de francs

Ce sera la sixième fois que la capitale olympique accueillera la Grande Boucle. La première était en 1948 et la dernière en 2000. Lausanne avait déposé sa candidature en 2017 déjà et n’a été retenue qu’en mai 2021. «A la base, l’idée était de faire un contre-la-montre entre Lausanne et Aigle, via le Lavaux. Mais cette option n’avait pas séduit la société organisatrice du Tour de France», explique Aline Kellerhals du Service des sports de la Ville de Lausanne. Le budget de cette étape est de 1,5 million de francs dont 600'000 versés par la Ville et 500'000 par le Canton. Sur cette somme, 350'000 frs. sont payés à ASO mais ils sont totalement compensés par les nuitées hôtelières et autres retombées directes. Une étape du Tour réunit en moyenne 50 millions de téléspectateurs dans 190 pays. Soit une puissance de frappe promotionnelle que la Ville n’aurait jamais eu les moyens de s’offrir autrement.