Eliane Aubert: «Je déteste les attaques personnelles!»

Conseillère communale depuis 2011, Eliane Aubert est depuis quelques semaines la présidente du législatif de la Ville.

Simple et affable, volontiers consensuelle, l’élue PLR entend modérer les débats avec une décontraction qui ne dédaigne pas le franc-parler.

Rencontre avec cette ancienne directrice de l’Ecole supérieure de la Santé du canton, entrée en politique un peu par hasard.

  • Eliane Aubert

    Eliane Aubert

«Quand on devient présidente, on abandonne tout parti»

Auriez-vous pensé un jour présider le Conseil communal de Lausanne?

Franchement pas du tout, surtout que je ne suis pas suissesse de naissance! J’ai reçu mon passeport suisse en 1973, dans ma corbeille de mariage, car à l’époque les étrangères qui épousaient un Suisse obtenaient la nationalité automatiquement. Evidemment, je suis très heureuse et fière que mon parti m’ait fait confiance et m’ait choisie pour proposer ma candidature, surtout en tant que femme…

Comment en êtes-vous venue à faire de la politique à Lausanne?

J’en faisais déjà à Bussigny, puis j’ai continué lorsque j’ai déménagé à Lausanne, où je siège au Conseil communal depuis 2011, pour le PLR. Mais bien avant la Suisse et le PLR, j’étais à gauche car, comme beaucoup de jeunes, j’avais fait Mai 68 sur les barricades françaises... C’était l’âge où on faisait facilement la révolution (rires)! En fait, j’ai viré à droite en arrivant à Bussigny où Claudine Wyssa m’a sollicitée à entrer en politique, dans les années 90…

Vous vous dites libérale humaniste, qu’entendez-vous par là?

C’est très simple: libérale dans le sens où je crois à la liberté et la responsabilité individuelle, contre l’étatisation à tout prix, même si je conçois que l’Etat a bien sûr un rôle à jouer. Humaniste, parce qu’il est important de mettre l’Homme avant tout au centre des débats. Et j’y ajoute une importante fibre sociale, à condition qu’elle soit destinée à ceux qui en ont besoin, car je suis totalement opposée à la politique de l’arrosoir!

Lausanne est-elle gérée de manière «humaniste»?

Oui, le social y est très présent et je trouve que c’est normal, puisque comme toutes les villes-centre, Lausanne concentre beaucoup de problèmes sociaux, même si le prix à payer pour tout cela est un fort indice d’impôts. Pour moi, la ville est plutôt bien gérée, à part le gros problème de la dette qui reste crucial, car elle hypothèque l’avenir de nos enfants.

Comment concevez-vous votre rôle de présidente du Conseil communal?

C’est surtout un rôle de modération des débats. Un rôle que j’apprécie car je n’aime pas la pensée unique et j’estime que le débat d’idées est très important. Ce n’est pas évident, car il arrive parfois que les discussions s’y embrasent même si, dans 90% des cas, elles sont correctes et polies. Malgré quelques appréhensions, je pense y arriver car gérer une conférence des maîtres (Eliane Aubert a dirigé l’Ecole supérieure de la Santé, ndlr) n’est pas plus facile qu’une séance de Conseil communal (rires).

Qu’est-ce qui vous mettrait en colère dans l’exercice de cette fonction?

Les attaques personnelles! C’est quelque chose que je ne supporte pas, et qui n’a pas sa place dans un parlement. Que des idées soient critiquées, bien volontiers, mais le reste, non! J’entends bien modérer les séances de manière humaniste et respectueuse pour tous ceux qui s’exprimeront. Par contre, je n’hésiterais pas à montrer les dents si nécessaire!

L’un des principaux problèmes du Conseil communal est la montagne d’interpellations et autres motions en retard…

Alors là, je le dis sans ambages: c’est une question quasi insoluble et il vaut mieux l’admettre. Beaucoup de ceux qui m’ont précédée ont souhaité prendre ce problème à bras le corps, aucun n’a réussi. Et j’y réussirai d’autant moins que nous sommes en année électorale et que les conseillers communaux vont beaucoup intervenir, ne serait-ce que pour se donner une visibilité!

Y a-t-il une spécificité à présider le conseil en tant que représentante d’un parti minoritaire?

Pas du tout, car quand on devient présidente, on abandonne tout parti. Mon rôle est de rester neutre et de ne pas émettre d’avis. Le seul problème est que j’ai un visage assez expressif, alors il va falloir que je veille bien à rester stoïque, d’autant que j’ai le sourire facile!

Quel est le principal enjeu pour vous, au cours de cette année de présidence?

Je n’en ai pas de particulier. J’ai un très grand plaisir à faire mon travail de représentation en tant que première citoyenne de la ville. Il me permet d’aller à la rencontre des Lausannois et de découvrir des endroits où je ne serais jamais allée. C’est quelque chose qui me réjouit beaucoup!

Tout de même, cela fait beaucoup de travail!

Mais j’ai tout mon temps! Je suis à la retraite depuis deux ans, et suis donc très disponible pour bien faire les choses, d’autant qu’à mon âge, il n’y a aucun enjeu politique. Un ou une président(e) plus jeune, pourrait s’en servir comme tremplin pour sa carrière politique, ce qui serait compréhensible. Mais moi, je ne suis pas concernée et j’entends donc profiter à fond de l’honneur et du plaisir d’exercer cette fonction.

Quel dernier message souhaiteriez-vous faire passer aux Lausannois?

Qu’ils n’oublient pas que Lausanne est une ville magnifique et qu’il y fait vraiment bon vivre! D’ailleurs, pour rien au monde, je n’irais vivre ailleurs!