«Être amputé? C’est un nouveau challenge pour moi!»

ACCIDENT DE LA ROUTE • Le jeune Lausannois de 24 ans Nidhim Kochhar, l’un des espoirs helvétiques du bodybuilding, a vécu un terrible accident de moto en juin dernier. Entre autres séquelles, il a dû être amputé de la jambe droite. Un sacré coup dur qu’il vit d’une manière étonnamment positive.

  •  PHOTO:  Valdemar VERISSIMO - www.photoverissimo.com

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Sortir de l’obésité a été le premier défi que le Lausannois Nidhim Kochhar a dû relever, au sortir de l’adolescence. Un challenge qu’il a tellement pris à cœur que, de sessions intensives de sports en régimes drastiques, il est devenu anorexique. Son image de «gringalet» le complexe alors et, au retour de l’armée, il débute un entraînement colossal visant à sculpter son corps à la manière des athlètes culturistes qui s’affrontent dans le monde entier.

Son acharnement paie sans attendre et, en plus de monter sur le podium du Championnat Suisse, il devient coach sportif et représentant d’une marque de produits spécialisés pour le développement de la masse musculaire. «Mon but était alors de remporter un maximum de concours et de continuer à m’entraîner pour tenter de gagner un titre mondial», explique Nidhim, des étoiles dans les yeux. Mais l’après-midi du 16 juin, le destin frappe violemment. Alors qu’il roule normalement au centre ville, une voiture lui coupe la route. Après une brutale collision et un vol plané, il arrive désespérément à protéger son dos puis se retrouve conscient sur le bitume avec une douleur si vive et une vision sur sa jambe si mutilée que ses pensées vont très vite: «J’ai repensé à tous les efforts que j’avais faits et les rêves que j’avais encore. Je me répétais en boucle, pourvu que je puisse encore faire du sport!» L’ambulance arrive alors et les secouristes lui font un garrot avant de l’endormir, Nidhim ne se fait plus d’illusion.

Impressionnante résilience

Depuis son réveil en service de soins intensifs et l’annonce de son amputation, le jeune champion de bodybuilding a une idée fixe: «On a tous en tête des images de personnes handicapées qui nous inspirent la pitié et d’autres qui, grâce à leurs exploits, nous forcent le respect, je veux être des seconds.» Il annonce alors son opération sur les réseaux sociaux et pose, avec un grand sourire, pour rassurer son entourage. C’est décidé, cette terrible épreuve ne sera qu’un challenge de plus dans la vie de Nidhim.

Son attitude positive et sa force mentale sont telles que les psychiatres s’inquiètent d’abord d’un éventuel déni. Mais, après de longues discussions, les professionnels de la santé sont rassurés: l’athlète a définitivement un corps aussi musclé que son esprit! Cela dit, le jeune lausannois le sait bien, la résilience n’est pas une performance individuelle, mais une discipline collective. «J’ai eu la chance incroyable d’être bien entouré de gens positifs. Il n’y a pas eu un seul jour sans visite», raconte-t-il.

Devenir un modèle

A peine une semaine après l’accident, l’idée lui vient de lancer une série de vidéos témoignages pour raconter son quotidien de jeune amputé. Il s’enregistre face caméra et publie le résultat sur internet. Un contenu fort en émotion et plein d’énergie qui a déjà été visionné plusieurs milliers de fois. Le reste du temps, il s’entraîne durement dans sa chambre ou dans le centre de rééducation pour réanimer une partie de sa musculation et pouvoir espérer retrouver une vie normale le plus rapidement possible.

Depuis l’accident, ses nouveaux modèles sont les sportifs handicapés les plus célèbres. «C’est de voir ces personnes handicapées réaliser des exploits qui dépassent même ceux de personnes valides qui me donne la foi», souffle Nidhim après une longue marche avec une prothèse pourtant encore mal adaptée.

Il ne sait pas encore quel sport il pourra pratiquer maintenant, mais il souhaite désormais plus que tout devenir l’une de ces figures inspirantes pour le grand public et les autres personnes handicapées. «J’ai envie de continuer mon activité de coach, mais je motiverai sûrement maintenant de manière encore plus forte et, pourquoi pas, des personnes qui doivent aussi subir une amputation», explique l’athlète dans sa chambre d’hôpital qu’il espère pouvoir déjà quitter ces prochains jours.

D’ailleurs, un jeune homme hospitalisé l’a déjà contacté pour obtenir quelques conseils. Prochaine étape? «Remonter sur scène lors d’une compétition de bodybuilding d’ici 2017.

En attendant, de nombreux obstacles devront encore être franchis», conclut Nidhim Kochhar, pragmatique.