Faut-il se vacciner contre la Covid-19?

4 centres de vaccination viennent d’ouvrir leurs portes dans le canton de Vaud, prêts à accueillir celles et ceux qui souhaitent se faire vacciner contre la Covid-19.
Cette vaccination suscite toutefois de la défiance d’une partie du public, inquiet de ses éventuels effets secondaires.
Historiquement pourtant, les bénéfices de la vaccination l’emportent largement sur ses inconvénients.

  • La vaccination a de tout temps suscité la controverse. 123 RF

    La vaccination a de tout temps suscité la controverse. 123 RF

«Quand il y a le feu à la maison, on ne s’occupe pas du futur papier peint, mais d’éteindre l’incendie.»

Un médecin vaudois

Variole, poliomyélite, tuberculose, tétanos, rage… Autant de noms de maladies qui ne nous disent quasiment plus rien, renvoyés dans les méandres de nos mémoires collectives. Tout simplement parce que l’immense majorité d’entre nous n’en a jamais été affectée et n’a même jamais rencontré de sa vie une personne qui en a souffert. Et pour cause: toutes ces maladies ont été soit totalement éradiquées de la surface de la planète, soit largement contrôlées au point de quasiment disparaître de nos contrées. Et le responsable de cette performance inédite dans l’histoire de l’humanité, qui a permis d’empêcher des dizaines et des dizaines de millions de morts, a un seul nom: vaccination. Autant dire que l’on a du mal à comprendre la méfiance que celle-ci suscite aujourd’hui à l’heure où pourtant la vaccination se profile comme la seule possibilité à court terme d’endiguer la pandémie de coronavirus.

Peur des effets secondaires

«C’est un paradoxe, constate un historien de la santé vaudois: en fait, la vaccination a été victime de son succès. Car au fur et à mesure de la disparition ou de la raréfaction des maladies contre lesquelles les vaccins protègent, leurs effets secondaires et les erreurs vaccinales ont de plus en plus été perçus comme intolérables par la population, surtout quand il s’agit de prévenir une maladie chez quelqu’un en bonne santé». Et d’ajouter: «Qui se souvient des terribles poumons d’acier dans lesquels étaient enfermés à vie les malades de la polio? Qui sait encore que le vaccin reste le seul traitement si on est mordu par un chien qui a la rage? Que la variole tuait un patient contaminé sur trois?» Au départ en effet, que pesaient les problèmes vaccinaux face aux dizaines de millions de morts et de malades causés par les maladies infectieuses qui ont ravagé des générations entières? Car des problèmes vaccinaux il y en a évidemment, et l’histoire de la médecine en est largement émaillée. Le premier vaccin contre la poliomyélite, par exemple, a été à l’origine de la survenue de la maladie chez 200 personnes environ, un incident isolé dû au final à… une mauvaise inactivation du virus. Et le vaccin contre l’hépatite B a longtemps été soupçonné d’induire des scléroses en plaques.

Un débat récurrent

Deux exemples qui, sans entrer dans le débat de leur confirmation par des études scientifiques, nourrissent dans la mémoire collective la suspicion dont fait l’objet la vaccination. Avec une question lancinante: faut-il ou pas se faire vacciner? «En réalité, cette question n’est pas la plus pertinente, ajoute un généraliste lausannois. Car la seule question qui vaille est celle du coût-bénéfice. Que gagne-t-on à se faire vacciner, que perd-on si on ne se fait pas vacciner? C’est d’ailleurs au fond, la question que l’on devrait se poser lorsque l’on prend n’importe quel médicament car toute substance a toujours potentiellement des effets secondaires.»

Dans le cas de pathologies à hauts risques en termes de mortalité ou de séquelles, le ratio coût-bénéfice penche à l’évidence pour la vaccination, en dépit des effets secondaires possibles de celle-ci, statistiquement minimes face aux dégâts occasionnés par les maladies. Le débat est plus ouvert pour des maladies moins létales comme la rougeole qui peut quand même tuer, les oreillons qui rendent les garçons stériles, etc... «Dans ces cas-là, il appartient à chacun d’évaluer le risque qu’il veut prendre, faire prendre à ses enfants, voire même aux autres quand il s’agit de maladies très contagieuses» ajoute le généraliste.

Et pour la Covid? Clairement la pesée des intérêts est plus difficile, rendue délicate par les incertitudes liées aux effets secondaires à long terme des vaccins actuellement disponibles, les effets à court terme semblant quant à eux s’inscrire dans ceux, transitoires, que l’on observe d’ordinaire dans toute vaccination: douleur et inflammation au point d’injection, courbatures fièvre et fatigue, etc. Sauf qu’en l’occurrence, le péril est immédiat: «Quand il y a le feu à la maison, résume notre généraliste, on ne s’occupe pas du futur papier peint, mais d’éteindre l’incendie. Au moins pour les personnes identifiées comme étant à risques, la question de la vaccination ne se pose même pas. Quant aux autres, à elles de faire leur choix en toute conscience, en tenant compte du fait que des personnes jeunes et sans risque connu se sont retrouvées en réanimation.»

4 centres de vaccination ouverts

Depuis ce lundi 11 janvier, quatre centres de vaccination sont opérationnels dans le canton. Au CHUV à Lausanne, à l’EHC (Ensemble Hospitalier de la Côte), à Morges, aux EHNV (Etablissements Hospitaliers du Nord Vaudois), et à la clinique la Lignière à Gland. Les centres de l’Hôpital Intercantonal de la Broye (HIB) et de l’Hôpital Riviera-Chablais (HRC) ouvriront le 25 janvier. Les quatre régions sanitaires du canton disposeront ainsi de centres de vaccination. Ce dispositif doit permettre de vacciner dans un premier temps les personnes âgées de plus de 75 ans ne vivant pas en institution ainsi que les personnes vulnérables. Les personnes en contact étroit avec cette population – personnel de santé et personnel des EMS – font également partie des groupes prioritaires.

Que le bon sens triomphe! L'éditorial de Philippe Kottelat

Se faire vacciner a, de tout temps, suscité beaucoup de méfiance pour une partie non négligeable de la population. Aujourd’hui encore, ce constat perdure en ce qui concerne la Covid puisque, bon an mal an, près de la moitié de la population suisse entend refuser de le faire, une partie du monde médical compris. Et cela, malgré les enseignements de l’Histoire qui ont montré que les vaccins ont constitué une grande avancée dans la lutte contre les maladies infectieuses microbiennes ou virales.

A titre d’exemple, on cite souvent celui de variole, maladie mortelle ou gravement invalidante, qui a été complètement éradiquée dans les années 80 grâce à une campagne qui avait combiné une vaccination massive de la population doublée d’une stratégie de surveillance et d’endiguement. Mais il y en a un tas d’autres aussi, comme la rougeole, la diphtérie ou encore la poliomyélite pour ne citer qu’elles (lire l’article ci-contre).

Concernant tous ces cas, les vaccins se sont montrés efficaces, même s’ils n’étaient pas sans risques. Car une vaccination, c’est vrai, n’est pas une mesure anodine. On estime ainsi qu’une à deux personnes par million de sujets vaccinés meurent d’une réaction à celle-ci. Sauf que le bilan global est tellement positif que l’hésitation ne semble pourtant pas de mise, ni pour les individus, ni pour la société en général. Aujourd’hui, face à cette pandémie qui n’en finit plus de pourrir nos vies et de détruire peu à peu le tissu social et économique, il est donc de notre devoirde balayer nos craintes et de tous nous vacciner. C’est une question de responsabilité individuelle et collective. En dehors des mesures de protection sanitaires classiques, c’est aussi le seul moyen d’agir pour pouvoir retrouver, à terme, la vie que nous avions avant et que nous souhaitons tous retrouver. Que le bon sens triomphe!