Grégoire Junod: "A Beaulieu, l'avenir est à la diversité d'activités"

POLÉMIQUE • De quoi l’avenir du site de Beaulieu sera-t-il fait? Il y a peu, la Ville de Lausanne, qui en assure aujourd’hui la gouvernance, donnait quelques pistes. Sans convaincre tout le monde. Analyse de la situation et réponses du syndic, Grégoire Junod.

  • Grégoire Junod entend présenter l’année prochaine l’ensemble de la stratégie de développement du site. VERISSIMO

    Grégoire Junod entend présenter l’année prochaine l’ensemble de la stratégie de développement du site. VERISSIMO

«C’est une évidence que l’expérience MCH n’a pas pas donné les résultats escomptés à l’époque»

Lausanne Cités: Vous souhaitez «ramener la vie et les activités» sur le site, notamment sur ses Halles Nord qui vont abriter un pôle sportif, la chaîne de recyclage Textura et une Maison de l’Innovation. Les propositions que vous faites paraissent toutefois un peu légères, non ?

Grégoire Junod: Au contraire. Avec la réouverture du théâtre, le restaurant et toutes les activités sportives déployées dans les halles nord, Beaulieu offrira des activités destinées à toute la population. Pétanque, grimpe, boxe, sport à roulettes, basket, … il y en aura pour tous les goûts. Les jardins seront aussi refaits l’année prochaine. Et ce n’est évidemment que le début de la revitalisation du site.

Dans tous les cas, tout cela n’est que provisoire puisque ces halles sont appelées à disparaître dans quatre ans. Pour laisser place à quoi?

A un programme de 40’000 m2 de surfaces d’activité qui se déploieront sur le site. Les grands axes du projet seront présentés au printemps. Avec l’arrivée du m3, à l’horizon 2030, c’est une métamorphose complète qui s’annonce. Beaulieu est appelé à devenir un pôle important en ville, centre de congrès et d’événements bien sûr, mais aussi d’emplois, de culture, de santé, de sport et de loisirs.

Cela dit, beaucoup attendaient une vision plus ambitieuse de la Ville, englobant aussi l’avenir des halles Sud. Or, pas un mot sur celles-ci qui sont quasi vides depuis quatre ans alors que leur construction a pourtant coûté plus de 47 millions de francs?

Nous avançons par étape. L’année prochaine, nous présenterons l’ensemble de la stratégie de développement du site sur laquelle travaille le Conseil d’administration. Quant aux halles, c’est surtout à cause du Covid qu’elles ont tourné à bas régime depuis 2020. Mais l’activité reprend enfin. Le Salon des métiers vient d’ailleurs de se terminer.

L’actuel directeur du site, Nicolas Gigandet s’en va en fin d’année, «d’un commun accord», comme le note un communiqué de Beaulieu. On s’étonne pourtant de ce départ, lui qui a été engagé en 2019 pour redonner une seconde vie au site et réhabiliter le Comptoir suisse...

Nicolas Gigandet a fait un travail remarquable pour remettre le site et la structure en ordre de marche après la crise de 2018 et gérer les chantiers en cours. Nous avons travaillé de concert, non par pour «réhabiliter le Comptoir suisse», comme vous le dites, mais au contraire pour reconstruire et tourner le dos à un modèle d’affaire qui était à bout de souffle. Aujourd’hui, nous entrons dans une nouvelle phase du projet, plus immobilière et commerciale, avec le développement à venir des halles nord et du front Jomini.

Fin 2018, la Fondation de Beaulieu se disait pourtant «convaincue du potentiel de Beaulieu comme site de congrès, foires et manifestations.» Mis à part des petits événements, force est de constater que les rendez-vous d’importance, destinés à faire rayonner Lausanne, l’ont déserté. Pourquoi?

Personne n’a déserté Lausanne, mais ne faisons pas comme si le Covid n’avait pas existé. Depuis mars 2020, tous les sites d’exposition ont été mis à l’arrêt ou presque. Ce n’est que depuis cet automne que l’activité reprend réellement. Beaulieu accueille d’ailleurs en ce moment l’exposition «Van Gogh alive», exposition interactive parmi les plus visitées au monde et le Salon des métiers vient de s’achever. Mais l’avenir est à la diversité d’activités. Le temps où le site vivait dix jours par année autour du seul Comptoir Suisse est révolu.

Pouvez-vous nous dire ce qu’ont rapporté les petits événements qui s’y sont déroulés depuis que la Ville a pris en mains les destinées du site?

Durant le Covid, l’organisation de plus petits événements a permis de maintenir un minimum de vie sur le site. Mais nous avons été touchés de plein fouet par la crise. Le secteur de l’événementiel et le tourisme d’affaire ont été parmi les plus affectés par la pandémie.

A Genève, à Fribourg, à Bulle ou encore à Martigny, les foires ça marche. Y aurait-il donc une exception lausannoise?

ArtBasel a été annulé comme le Salon de l’automobile à Genève. Même le Salon du livre a déserté Palexpo cette année. A Zürich et Bâle, les grandes foires ont aussi tiré la prise. Il n’y a aucune exception lausannoise.

Faire revenir les foires et autres événements majeurs sur le site, c’était avant tout le travail du groupe MCH. Les Bâlois ont donc mal fait leur boulot?

C’est une évidence que l’expérience MCH n’a pas pas donné les résultats escomptés à l’époque. MCH a tout misé sur le fait d’attirer à Lausanne une ou deux nouvelles grandes foires internationales pour prendre le relais du Comptoir suisse. Mais rien n’est venu et les relations avec le monde économique local, les acteurs du tourisme et les entreprises suisses ont été négligées. Lausanne s’est retrouvée perdante sur tous les tableaux.