Grégoire Junod: «Il faut faire le ménage à Beaulieu»

  • Soupçons de malversations, plainte pénale, Beaulieu est dans la tourmente.
  • Des voix s’élèvent pour remettre en cause les autorités politiques accusées de ne pas avoir rempli leur devoir de surveillance.
  • Président de la Fondation de Beaulieu par interim le syndic de Lausanne Grégoire Junod annonce des réformes.

  •  Syndic de Lausanne, Grégoire Junod assure l’intérim de la présidence de la Fondation de Beaulieu. verissimo

    Syndic de Lausanne, Grégoire Junod assure l’intérim de la présidence de la Fondation de Beaulieu. verissimo

  •  Le Palais de Beaulieu dans un psychodrame perpétuel. verissimo

    Le Palais de Beaulieu dans un psychodrame perpétuel. verissimo

«La crise actuelle va accélérer des réformes indispensables»

Une conférence de presse convoquée en urgence, une plainte pénale contre le secrétaire général pour des malversations, un président démissionnaire… Comment en est-on arrivé à un tel scénario catastrophe?

Face aux difficultés à obtenir des réponses sur des questions financières importantes, nous avons demandé l’année dernière qu’un audit soit réalisé par le contrôle des finances de la Ville de Lausanne. Le mandat a été donné par la Ville de Lausanne, en accord avec le Conseil de fondation et les représentants de l’Etat. C’est ce rapport qui est à l’origine de la dénonciation pénale et de la crise qui a été révélée au mois de décembre.

Les malversations supposées remontent à un certain temps. Les instances représentées au Conseil de fondation de Beaulieu, en particulier canton et Ville de Lausanne, n’ont-elles pas failli à leur mission de contrôle ?

Je ne siège au Conseil de fondation que depuis l’été 2016 au moment où j’ai remplacé Daniel Brélaz, il m’est donc difficile de vous répondre pour les années passées. Mais il est certain que la structure en place, avec une direction externalisée, n’était plus adaptée au moment où la Fondation s’est engagée dans une politique d’investissement et de diversification de ses activités après l’échec de Taoua. La crise actuelle aura au moins cet avantage: elle va accélérer la mise en place d’une direction interne, réforme indispensable. Cela étant, le système mis en place et la non comptabilisation de certaines dépenses ne permettait pas au Conseil de fondation d’avoir une vision claire de la situation financière de la société. C’est un des aspects importants qui a été révélé par l’audit.

Vous-même êtes désormais désigné président ad intérim. Votre rôle est-il de nettoyer les écuries d’Augias ?

Il y a effectivement un besoin de faire le ménage. La priorité aujourd’hui est non seulement d’assurer les affaires courantes et de faire la lumière sur la situation financière réelle de la Fondation mais également d’assurer l’achèvement des travaux de l’école de la Source et le projet d’installation du tribunal arbitral du sport, projets prioritaires pour le canton comme pour la Ville. Sans tabous, nous devons aujourd’hui poser les bases d’une stratégie cohérente pour l’avenir du site, sur la base d’un financement assaini.

Enfin cette crise n’est-elle pas la crise de trop pour un site qui peine à retrouver sa vocation et trouver une voie claire pour les années à venir ? Beaulieu ne risque-t-il pas de mourir ?

Je crois en l’avenir du site de Beaulieu. Situé en plein centre-ville, il a un potentiel énorme à condition d’envisager une diversification de ses activités. L’arrivée de l’école de la Source, le maintien du théâtre et le projet du Tribunal arbitral du sport s’inscrivent dans cette logique. Mais il faudra aller plus loin. C’est le sens du préavis que j’ai présenté au nom de la Municipalité au Conseil communal au mois de décembre et qui a été accepté à l’unanimité. En redonnant à la Ville la jouissance des halles nord, où l’on songe à installer des starts-ups, et en permettant de diviser le palais de Beaulieu en différentes entités, nous ouvrons le jeu pour l’avenir, aussi bien à court qu’à long terme. Ce travail sera fait en concertation avec tous les partenaires impliqués, des acteurs économiques aux associations de quartier. Mais il est vrai que le dossier de Beaulieu est un vrai serpent de mer. J’espère tout comme la Municipalité pouvoir contribuer à lui redonner un nouveau souffle.

Des crises à répétition

Une conférence de presse convoquée en urgence, une plainte pénale contre le secrétaire général pour des malversations, un président démissionnaire… Depuis le mois de décembre dernier, Beaulieu est dans la tourmente, un audit du contrôle des finances de la Ville de Lausanne ayant révélé d’importants dysfonctionnements. Cet épisode n’est que l’ultime rebondissement d’une série de crises que vit le Centre de congrès et d’expositions et suscitant depuis longtemps quolibets, craintes et spéculations de toutes sortes, au gré des projets et des différents repreneurs. En 2014, beaucoup d’espoirs s’étaient incarnés dans le projet de tour Taoua censé redonner un élan à Beaulieu, mais malheureusement sévèrement douché par le vote des Lausannois, qui ont rejeté à 51,9% des voix le projet de construction de cet édifice de plus de 90 mètres de haut.