Intégration des handicapés: la Ville repense toute sa politique

  • Avec son projet intitulé «Accessibilité universelle», la Municipalité entend donner une nouvelle impulsion pour créer une «culture du handicap».
  • En ville de Lausanne, de nombreux dispositifs existent déjà pour les personnes handicapées.
  • Un manque de stratégie cohérente et de vision claire se faisait néanmoins sentir.

  • dr

    dr

  • Damien Wirths, chef du projet «Accessibilité universelle». DR

    Damien Wirths, chef du projet «Accessibilité universelle». DR

«Nous voulons que le handicap soit une réflexion intégrée au quotidien dans l’administration»

David Payot, municipal

Le préavis devant le conseil communal devrait être déposé au début de cette année 2018. Ce qui, dans le temps politique, représente un délai record, signe de l’importance accordée à la question. Incluse dans le programme de législature de la Municipalité, l’accessibilité des lieux et des prestations pour les personnes souffrant de handicap est en effet en train de trouver sa concrétisation politique, même si on n’en est qu’au début d’un long processus. Dès le 1er juillet dernier en effet, un chef de projet a été nommé afin de piloter la démarche initiée par la Direction de l’enfance, de la jeunesse et des quartiers.

«C’est un enjeu à la fois politique et économique, explique le municipal David Payot, en charge du dossier. D’une part, il est du rôle de Lausanne de permettre à ses habitants de participer au maximum à la vie de leur ville, que ce soit pour accéder aux services publics, pour développer leurs projets ou faire entendre leur voix. D’autre part, le handicap peut être lourd ou léger, selon les adaptations qui lui sont faites. Viser l’accessibilité universelle enfin, c’est aussi favoriser l’autonomie des personnes avec handicap».

En juillet 2017, le projet intitulé «Accessibilité universelle» a donc été lancé officiellement, et entamé par une démarche de diagnostic de la situation actuelle. «Nous savions que de nombreux dispositifs existaient en termes d’accessibilité pour les personnes handicapées, explique Damien Wirths, le chef du projet. Ce qui nous manquait, c’était une vision d’ensemble de la galaxie des acteurs et de ce qui se faisait dans les différents domaines. Désormais, nous l’avons.»

Inventaire

La première étape a ainsi été de consulter tous les services de la Ville afin de constituer un inventaire des actions déjà entreprises et des collaborations engagées. Avec un constat: le manque de cohérence et de coordination dans l’ensemble de ce qui existe à ce jour.

De fait, un plan d’action pour le futur se dessine déjà alors que l’ensemble des partenaires (associations, entreprises, institutions etc.) ont été conviés à une séance d’information destiné à leur confirmer la volonté de la Municipalité d’aller de l’avant dans ce dossier. «Nous allons continuer sur ce qui a déjà été fait, bien entendu, explique Damien Wirths, mais nous allons ajouter la notion d’accessibilité en nous fondant sur une définition du handicap, comme étant une interaction entre une incapacité individuelle et un environnement inadapté. Par exemple, il ne sert à rien de permettre au public le plus large d’accéder à un guichet, si par la suite, des personnes ne peuvent interagir avec l’administration en raison d’un handicap sensoriel».

Afin de mettre en œuvre ce concept d’accessibilité universelle, les responsables du projet iront à la rencontre des différents acteurs pour établir avec eux un dialogue et ensuite coproduire des mesures visant à améliorer l’accessibilité aux lieux mais aussi aux prestations.

«A terme, conclut Damien Wirths, il s’agira donc d’établir un cadre général et de faire diffuser une culture du handicap au sein de toute l’administration. Qu’à chaque fois qu’un événement ou une prestation sera envisagée, la question de l’accessibilité aux personnes handicapées soit réfléchie en amont».

«Nous ne prétendons pas lever du jour au lendemain tous les obstacles liés au handicap dans la Ville de Lausanne, ajoute David Payot: il y a quantité de problématiques différentes, de l’accès au lac pour les personnes à mobilité réduite, jusqu’à l’accompagnement en garderie des enfants avec handicap mental. Nous voulons plutôt que le handicap soit une réflexion intégrée au quotidien dans l’administration».

Pas de délégué au handicap

Selon toute vraisemblance, la Ville ne devrait pas nommer de Délégué au handicap. En revanche, un coordinateur sera choisi pour faire le lien entre les différents répondants désignés au niveau de l’administration communale et les acteurs du domaine du handicap.

«Chez tous les partenaires impliqués, soit dans l’administration de la Ville, soit à l’extérieur, nous n’avons trouvé que de la bonne volonté et une vraie conscience de l’importance de la question du handicap et de l’accessibilité, se réjouit Damien Wirths. Et tous étaient en attente d’un cadre que l’on entend bien, à terme, leur donner avec ce projet».