«Nous avons été les premiers à proposer de l’essence sans plomb, et ceci de notre propre initiative»
Jean Baumberger, président du conseil d’administration de Lausanne-Airport
Il est au centre de la polémique après des années d’accalmie et même d’euphorie. En 1992, en votation populaire, les Lausannois sauvaient l’aéroport de la Blécherette, géré depuis par une société anonyme. Près de 30 ans après, l’aéroport est de nouveau sous les feux des critiques. Trop de bruit, trop de nuisances, et signe des temps, pas assez écolo. Un reproche qui fait bondir Jean Baumberger, le président du conseil d’administration de l’aéroport: «Il y a longtemps que l’on était conscient qu’il fallait agir dans le sens des préoccupations écologiques. Je rappelle que l’on a été les premiers à proposer de l’essence sans plomb, et ceci de notre propre initiative».
L’aéroport en tout cas, souhaite mettre en avant son action en termes d’environnement et de limitation des nuisances. D’abord avec la présence d’une centrale photovoltaïque forte de près de 5000 panneaux solaires installés sur les toits et gérés par la société Si REN propriété de la Ville de Lausanne et qui produit chaque année l’électricité de quelques 300 ménages lausannois. Avec à la clé une économie d’émissions de CO2 de près de 2000 tonnes. Ensuite, avec la promotion d’avions moins gourmands en énergie. L’infrastructure enregistrant environ 39’000 mouvements chaque année, le potentiel est énorme. La grande majorité de ceux-ci étant le fait des 4 écoles de formation qui y siègent, c’est donc dans cette direction que les dirigeants entendent travailler. «On incite les écoles à acquérir des avions moins bruyants et moins polluants note Jean Baumberger, mais ce n’est pas facile car il s’agit d’abord d’une question de moyens financiers». Afin de les y encourager, la direction de l’aéroport a pris une option d’achat sur un avion électrique - en cours d’homologation - et qu’elle mettra ensuite à la disposition des écoles.
Simulateurs
Celles-ci quant à elles, privilégient de plus en plus l’apprentissage sur des simulateurs. «75% de notre formation se fait sur simulateur, explique Pierre-Alain Chevallaz, responsable de la formation à Air Space qui forme des pilotes pour, entre autres, Easy Jet. Non seulement le simulateur est moins polluant mais en plus il est meilleur sur le plan pédagogique puisqu’il permet de s’interrompre pour fournir des explications à l’étudiant».
Sur ce volet également l’aéroport anticipe, puisque la construction d’une nouvelle halle destinée à accueillir un simulateur supplémentaire est d’ores et déjà mise à l’enquête. L’appareil est destiné à la compagnie Fly 7 qui assure la formation de pilotes ainsi que la gestion de vols d’affaires. «Grâce à ce simulateur, tous ceux qui voudront se former sur Pilatus viendront le faire à Lausanne, se réjouit Yves Roch, le patron de Fly 7 qui emploie 65 employés à Lausanne. Avec au final un impact moindre sur l’environnement, d’autant plus que c’est une demande de notre clientèle. D’ailleurs, la moitié de nos clients compensent déjà leurs émissions en carbone». Et d’anticiper: «L’avenir pour nous, c’est bien sûr le biofuel qui diminuera les émissions de CO2 de 80% et surtout l’arrivée d’ici 15 à 20 ans du moteur électrique pour le Pilatus».
Reste enfin l’incontournable question des nuisances sonores, que dénoncent nombre de riverains. «Quoi qu’on en dise, nous sommes attentifs à leur doléances, car le bruit nous casse autant les pieds qu’eux, compatit Jean Baumberger. Mais notre aéroport n’ouvre qu’entre 8 heures et 20 heures, ou à l’heure du crépuscule en hiver, avec un maximum de 10 dérogations par an. En outre, on arrête les tours de piste des écoles entre 12 heures et 13 heures 45, ainsi que le samedi après-midi et le dimanche».
Hélicoptères
Enfin, un projet de modification du trajet des hélicoptères, particulièrement bruyants, est à l’étude. «Nous avons mandaté une société qui nous a confirmé que le bruit est bel et bien, pour l’essentiel, suscité par les hélicoptères. Nous réfléchissons donc à dévier leur trajet pour, au moment des décollages et atterrissages, les faire passer au-dessus de l’autoroute, au lieu du lac et de la ville comme c’est le cas aujourd’hui».