Lausanne-Genève: l’enfer sur l’autoroute

Queues de poisson, voitures ventouses sur la voie de gauche, motos qui zigzaguent, l’autoroute Lausanne-Genève est le théâtre de toutes les infractions.
Pour les pendulaires qui l’empruntent chaque jour, la situation est devenue infernale.
Reportage un mardi matin comme les autres aux heures de pointe.

  • L’autoroute Lausanne-Genève n’a pas été adaptée à l’augmentation du trafic et de la population. VERISSIMO

    L’autoroute Lausanne-Genève n’a pas été adaptée à l’augmentation du trafic et de la population. VERISSIMO

«Pour avaler les 60 kilomètres de cet axe autoroutier totalement saturé, il nous aura fallu 1h15»

Mardi dernier, rond-point de la Maladière, les voitures qui s’élancent sur l’autoroute sont nombreuses. Il est 7h20. L’heure, déjà, des premières infractions. Un automobiliste change de voie sans clignotant. Puis, un deuxième. Et un troisième. Une moto déboule en zigzaguant entre les files, la concentration est de rigueur. Pourtant, les conducteurs louchant sur leur téléphone portable sont nombreux. Un coup d’œil sur la route, un autre, rapide, sur Whatsapp ou Facebook. Même si un tel comportement est punissable d’une amende de 100 francs et peut provoquer un grave accident, la tentation est trop forte. Arrivés à la hauteur de Morges, un premier ralentissement. Sur la voie de gauche, les voitures se suivent, à peine éloignées de dix mètres. La règle consiste pourtant à maintenir avec le véhicule qui nous précède une distance correspondant à la moitié de la vitesse. A 100 km/h, il faut donc rester à 50 mètres. Voilà pour la théorie. Dans la pratique, presque personne ne respecte cette marge de sécurité.

Freinage périlleux

Très rapidement, la situation se tend. Une grosse berline s’aventure dans un périlleux dépassement par la droite, passible d’un retrait de permis, puis se ravise. Dans le même temps, une jeep squatte la voie de gauche. Oubliant au passage que cette dernière ne doit être empruntée qu’en cas de dépassement. Les kilomètres défilent, mais le véhicule ne bouge pas. Il continue sa petite balade à 110 km/h. A Rolle, son conducteur se décide enfin à se rabattre. Mais sans clignotant, obligeant des motos et des scooters qui nous dépassent par la droite à effectuer un freinage périlleux. L’accident a été évité de justesse. Il est 8h, le premier bouchon s’est formé à la hauteur de Gland. Presque tous les automobilistes en profitent pour consulter leur portable. A l’approche de l’aire de repos de Crans-près-Céligny, certains braquent brusquement pour emprunter cette échappatoire, accélèrent, et réintègrent le trafic après avoir traversé une ligne continue. Une manœuvre interdite et dangereuse qui leur permettra de gagner environ vingt secondes.

Circulation en accordéon

Nous roulons au pas jusqu’à Coppet. Le trafic reprend son rythme de croisière. Sur la voie de droite, quelques camions, à gauche, tous les autres véhicules. Cette circulation en accordéon met les freins à rude épreuve. Il est 8h35, nous apercevons enfin le panneau Genève-Lac. Pour avaler les 60 kilomètres de cet axe autoroutier totalement saturé, il nous aura fallu 1h15. Nous avons donc roulé à une moyenne de 48 km/h. Une lenteur qui s’ajoute aux 35 infractions constatées à la loi sur la circulation routière. De quoi mettre les nerfs des pendulaires à rude épreuve…

Les limites de la répression

Consciente des infractions qui se déroulent quotidiennement sur l’autoroute Lausanne-Genève, la police cantonale vaudoise est passée à l’action. Au moyen d’une opération visant à sensibiliser les conducteurs, comme le précise son porte-parole Pascal Fontaine: «La campagne consiste à donner des conseils sur le bon comportement à adopter sur l’autoroute. La surcharge de trafic est la principale cause des embouteillages. Par notre comportement, nous pouvons tous contribuer à fluidifier le trafic et à améliorer la sécurité routière.» Les voitures ventouses sur la voie de gauche seront-elles enfin sanctionnées? Pascal Fontaine ajoute: «Les automobilistes squattant la voie de gauche ont toujours été dénoncés. Les patrouilles, dans le cadre de leur service, relèvent toutes les infractions qu’ils constatent, mais vous comprendrez bien qu’on ne peut pas mettre un gendarme derrière chaque conducteur.»