«Certaines personnes n’hésitent plus à déménager en dehors du centre-ville»
Frédéric Dovat, secrétaire général USPI
C’est simple, on n’avait jamais vu cela à Lausanne. Depuis le début de l’année, les appartements et les maisons s’arrachent comme des petits pains. Un boom immobilier que le site Pilierpublic chiffre à +42,4% de janvier à fin novembre en comparaison sur un an. Son fondateur Guilhem Tardy n’en revient toujours pas: «C’est un record inégalé depuis dix-sept ans au moins! La demande est tout particulièrement soutenue pour les appartements, avec 529 biens vendus depuis janvier contre 298 villas.» Des chiffres qui n’étonnent pas vraiment Frédéric Dovat, secrétaire général de l’antenne vaudoise de l’Union suisse des professionnels de l’immobilier (USPI): «La pandémie de Covid a fait prendre conscience de l’importance du logement, notamment dans le cadre du télétravail ou suite au confinement, à un certain nombre de personnes, ce qui a accru la demande pour des logements plus grands et/ou disposant d’un jardin ou d’un balcon.»
Contexte favorable
Installé à Lausanne depuis plus d’une décennie, Laurent Pannatier, directeur de l’agence immobilière Proximmo, profite pleinement de cette explosion de la demande. Ses ventes sont en hausse de 30% depuis janvier 2021 et les délais pour réaliser une transaction ne cessent de se réduire. «Ces derniers mois, nous avons constaté un nombre important de transactions qui aboutissent sans négociation sur le prix et parfois même qui font l’objet de surenchères de la part des acheteurs offrant un prix final supérieur à celui estimé ou défini au lancement de la vente.» Une surenchère qui s’explique facilement selon le spécialiste: «Les taux hypothécaires sont au plus bas et il est toujours beaucoup plus favorable de devenir propriétaire que de louer. En outre, les intérêts négatifs imposés par certains établissements bancaires ont conduit beaucoup d’épargnants à placer leurs liquidités dans la pierre plutôt que de subir des frais conséquents sur leurs avoirs. Cela a sans doute accentué la volonté de certains investisseurs à acheter des actifs immobiliers. Enfin, l’offre est très limitée en région lausannoise où notamment peu de projets neufs sont destinés à la vente alors que la demande ne cesse d’augmenter. Face à cela les objets mis en vente sur le marché ont tendance à trouver preneur rapidement.»
Cette raréfaction de l’offre pousse de plus en plus de Lausannois à s’exiler dans le Nord vaudois. Une évolution qui se vérifie dans l’étude menée par Pilierpublic: «Dans ce district, le nombre de transactions depuis janvier 2021 a augmenté de 35,9% par rapport à 2020, souligne Guilhem Tardy. Les Lausannois, habitués à vivre en appartement, sont les candidats idéaux pour cette région où les biens sont moins onéreux car situés dans une région périphérique.»
Télétravail
Selon Frédéric Dovat, les prix n’expliquent pas tout. «Le télétravail permet d’habiter à un endroit plus éloigné de son lieu habituel de travail. Aussi, certaines personnes n’hésitent plus à déménager en dehors du centre-ville.» Que ce soit à Lausanne ou dans le Nord vaudois, le secteur immobilier connaît donc une période euphorique. Une euphorie qui ne devrait pas retomber de sitôt selon Laurent Pannatier: «L’offre reste très limitée et le marché fait face à une demande très importante. En parallèle, nous peinons à créer du logement car les délais d’obtention de permis de construire sont de plus en plus longs. Dès lors, la tendance devrait se confirmer pour les mois à venir.»
Fabio Bonavita