Netflix, Amazon, Pompes funèbres...A qui profite la crise du Covid-19?

Les victimes économiques de la pandémie sont nombreuses et déjà en bonne partie connues.
Mais la crise sanitaire profite aussi à certaines entreprises et même à des secteurs entiers.
Tour d’horizon de ces chanceux et des raisons et modalités de leur bonne fortune à contre-temps.

  • PHOTOS DR

    PHOTOS DR

Tourisme, restauration, culture, presse, travailleurs indépendants de tous poils… Les innombrables victimes économiques du Covid-19 sont bien connues. Certains plus rares ont la chance d’officier dans des secteurs à qui «profite» la pandémie. Tour d’horizon.

«BIG TECH»

La pandémie a forcé les entreprises à accélérer le processus de numérisation, présenté comme inéluctable depuis plusieurs années et qui l’est devenu de fait. Pour cela, elles recourent à la «big tech». Le développement massif du télétravail est au centre de ce boom. Résultat: le controversé quintette américain Google-Apple-Facebook-Amazon-Microsoft a vu ses actions en bourse respectives bondir.

TESLA

Sans logique apparente, le constructeur de voiture californien est au mieux de sa forme. La société du fantasque Elon Musk, pourtant chantre jusque-boutiste de «l’homme augmenté» (ayant de lointaines origines alémaniques), est assimilée par beaucoup à une valeur technologique verte… Soit une caractéristique dans l’air du temps donc. Résultat: sa valeur boursière atteint 1200 fois ses bénéfices!

INDUSTRIES CHIMIQUE ET PHARMACEUTIQUE

Ce secteur bien représenté dans notre pays, avec par exemple Roche, Lonza, Astra Zeneca ou encore Pfizer, est peu touché par la crise. Les spécialistes lui prédisent des lendemains qui chantent grâce à la production des divers médicaments, tests de dépistage et surtout vaccins appelés à être injectés à grande échelle dans les mois à venir.

ACHATS PAR INTERNET

Faute de pouvoir faire leurs achats dans les commerces traditionnels ou par peur d’y être infectés, beaucoup ont privilégié le commerce en ligne accélérant ainsi fortement une tendance déjà présente. LeShop a par exemple été si pris d’assaut lors de la première vague, que les délais de livraison dépassaient les deux semaines. Amazon aussi a tiré son épingle du jeu consolidant au passage le statut d’homme le plus riche du monde de son fondateur Jeff Bezos.

OR

Valeur refuge par excellence en période de crise, le métal précieux, qui avait déjà le vent en poupe depuis des années, a vu sa valeur monter à presque 2000 dollars l’once l’été passé battant ainsi le précédent record établi en 2011… lors de la crise financière. Le cours demeure aujourd’hui encore à des niveaux jamais vus depuis 2012.

POMPES FUNÈBRES

A l’heure où nous écrivions ces lignes, le Covid-19 avait fait (officiellement) plus de 1’536’000 victimes directes dans le monde et plus de 5300 rien qu’en Suisse. Cette surmortalité a donné bien du travail aux entreprises de pompes funèbres pour qui les longues journées à flux-tendu sont devenues la norme. A Genève, le délai d’attente pour les obsèques avait ainsi plus que doublé au plus fort de la deuxième vague.

MARCHANDS DE CYCLES

Nombre d’entre eux figurent parmi les grands gagnants de la crise. Le semi-confinement du printemps a mis un sévère coup de fouet à leur secteur qui était déjà en phase ascendante ces dernières années. Que ce soit en tant que sport ou simple moyen de transport permettant d’esquiver les transports publics, le record de 230’000 cycles et 133’033 e-bikes vendus en 2019, sera battu en 2020 selon «Velosuisse».

ZOOM

L’application de visioconférence est désormais utilisée tout azimut pour assister à une réunion de travail, suivre un cours de yoga à distance ou déguster des cybers-apéros entre amis. Elle affiche pas moins de 200 millions d’utilisateurs quotidiens et lors du second trimestre de l’année 2020, l’entreprise a enregistré un chiffre d’affaire record de 663 millions de dollars!

NETFLIX

Nombre de ceux qui boudaient la plateforme de films et séries en streaming s’y sont convertis ces derniers mois histoires de palier au manque cruel de divertissements habituels. L’action du géant américain a ainsi grimpé de 50% depuis janvier!

Post tenebras lux! L'éditorial de Philippe Kottelat

Sommes-nous tous égaux face aux répercussions économiques du coronavirus? La réponse est clairement non. Ces dernières semaines, plusieurs études le révèlent clairement. Et même sans elles, un simple retour sur l’histoire des épidémies qui ont touché la planète depuis sa création, à défaut d’autres crises, aurait pu nous donner la réponse.

Car c’est une constante de l’Histoire. Les crises touchent en priorité les populations à faibles revenus et à chaque fois, des domaines économiques bien particuliers. On peut le constater aujourd’hui avec celui des cafetiers-restaurateurs ou tout ce qui concerne le secteur de la culture et du divertissement. Sans, bien sûr, en évoquer d’autres!

A contrario, certains secteurs s’en sortent très bien (lire l’article ci-contre). Parmi eux, caracolant en tête, les GAFA - Google, Apple, Facebook et Amazon -. Au cours du dernier trimestre écoulé, qui se clôturait fin septembre, ces quatre fleurons américains ont totalisé un chiffre d’affaires cumulé astronomique de 228,4 milliards de dollars pour un bénéfice net cumulé de presque 40 milliards! Hallucinant!

Ainsi, comme toujours, toute crise génère son lot de perdants et sa cohorte de gagnants. A charge pour ces derniers de partager les fruits de la triste embellie qui renforce leur insolente prospérité pour limiter le calvaire de ceux qui prennent la gifle du covid de plein fouet. C’est une des leçons, parmi tant d’autres, qu’il convient de tirer de cette pandémie unique qui, comme toute crise, se doit d’engendrer aussi bien de la solidarité que de l’innovation. Pour que comme toujours, des ténèbres, surgisse la lumière.