Oscar Tosato: "J'ai mis mes tripes dans ce que j'ai fait!"

Entré à la Municipalité en 2002, le socialiste Oscar Tosato quitte l’exécutif communal après deux décennies au cours desquelles il aura géré des dossiers très sensibles: crèches, addictions, apprentissage ou encore sport. Ultime rencontre avec un politicien très populaire qui part avec le sentiment du devoir accompli.

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Lausanne Cités: A la veille de quitter la Municipalité, dans quel état d’esprit êtes-vous?
Oscar Tosato: Dans celui d’un retraité! J’ai 65 ans et je me réjouis de pouvoir vivre à nouveau au jour le jour, de manière indépendante et de gérer mon temps comme je le souhaite, sans rien programmer…

Comment voyez-vous votre vie future?
Avec mon épouse qui travaille encore, nous allons plus nous impliquer dans la vie familiale, aider nos filles, qui ont des enfants, etc.

La politique c’est fini ?
La vie politique représentative, c’est fini. Mais je resterai un citoyen actif et je me vois bien reprendre pied dans la vie associative. Pendant une année, je vais encore rester membre du conseil d’administration de la holding de l’Ecole hôtelière de Lausanne, ainsi qu’au Comité des Jeux internationaux des écoliers… Et puis lors d’une assemblée générale en septembre prochain, je serai candidat au poste de président du Centre Sport-Etudes de Lausanne, une fonction qui correspond bien à mes valeurs…

La jeunesse restera donc au centre de vos préoccupations…
Bien sûr! Les jeunes et les personnes vulnérables sont au cœur de l’identité qui m’a forgé. La défense du précarisé, le regard sur le parcours migratoire de mes propres parents m’ont fait beaucoup réfléchir sur le concept de différence.

Avec votre élection en 2002, vous avez été en quelque sorte le symbole de l’intégration politique des immigrés...
J’ai beaucoup de peine à imaginer avoir été un symbole. Tout ce que je peux dire, c’est que les immigrés ont appris à devoir lutter pour affirmer leur place, à dire que la Suisse se construisait avec leur force de travail. Ils ont commencé à émerger dans les paroisses, puis les syndicats, puis ont acquis leurs droits civiques. Au fond, c’était une lutte pour les droits humains…

En près de 20 ans de Municipalité, votre popularité, y compris dans les urnes ne s’est jamais démentie. Comment l’expliquez-vous?
Les électeurs reprochent souvent aux politiciens, qu’une fois élus ils n’appliquent pas leurs engagements. J’ai toujours essayé de faire ce pour quoi j’ai été élu et j’y ai mis toutes mes tripes. Après, quand on a des dossiers en main, il faut chercher des solutions pragmatiques sans jamais cesser de remettre l’ouvrage sur le métier, et cela les électeurs le comprennent.

De quelles réalisations êtes-vous le plus fier ?
Ma plus grande satisfaction, c’est d’avoir fortement augmenté le nombre de places en garderie. En 2002, j’ai commencé avec le dicastère de l’enfance de la jeunesse et de l’éducation. L’enjeu à l’époque était d’augmenter les places en crèche, bien trop peu nombreuses. Et il a fallu beaucoup travailler pour expliquer et convaincre tous les acteurs, y compris les gérances. Ma deuxième fierté a été de défendre l’apprentissage et la formation duale en Suisse, y compris l’accès à l’apprentissage pour les jeunes sans papiers.

En matière de toxicomanies, vous avez également porté une politique très volontariste…
Là, je me suis senti responsable de reprendre ce dossier à zéro, car en tant que politiques et socialistes nous avions initié une prestation essentielle que l’on avait perdue. Faut-il le rappeler: nous avons affaire à des personnes malades et il fallait venir avec des propositions de soins accessibles à tout le monde, y compris dans le cadre de l’Espace de consommation sécurisé. Dès que je peux sauver une vie, je le fais et sans calculs.

Vous avez eu à gérer de nombreux dossiers épineux et plutôt avec bonheur. Au fond, quel est le secret de la méthode Tosato?
Je ne sais pas trop… Cela doit être la force de la conviction, je pense. Il faut toujours préparer ses arguments et présenter les choses de manière simple. Ensuite, il faut aller chercher quelqu’un qui n’est pas d’accord avec vous pour les lui expliquer. Au fond, c’est la méthode de quelqu’un qui a vécu dans le monde associatif et qui s’appuie sur le pragmatisme…

Vous avez souvent été très attaqué par vos adversaires politiques. Qu’est-ce qui vous a permis de tenir?
Quand on occupe une position comme la mienne, on reçoit beaucoup de la part des citoyens. La reconnaissance des gens me touche énormément.

Avez-vous un regret en quittant vos fonctions?
Le fait de laisser des dossiers en suspens! En ayant fait 20 ans, j’ai vu à quel point les choses mettent du temps à se mettre en place. J’ai par exemple récemment mis en place un délégué seniors, et Lausanne est désormais Ville des Aînés, selon un concept international. Mais il reste beaucoup à faire en matière de maintien à domicile des personnes âgées, de soutien de leurs proches aidants etc. C’est toujours comme cela: quand on commence quelque chose, on se demande pourquoi on ne l’a pas fait avant!

Que conseillez-vous à la future Municipalité de Lausanne?
Je leur dis «courage», car la mise en place du Plan climat, avec les milliards que cela nécessite est un engagement essentiel et universel. Tout cela sans oublier l’urgence sociale qui nécessite encore et toujours une attention particulière.

Et que dites-vous aux Lausannoises et aux Lausannois?
Je leur dis de faire confiance à leur Municipalité. Elle travaille pour eux.