Rififi au sein de l’ACI: info ou intox?

Le syndicat Sud dénonce la pression d’une hiérarchie omniprésente. Le travail dit à «quatre mains» est pointé du doigt par certains employés. Le chef du Département des finances refuse de s’exprimer sur le dossier.

«Les cadres scrutent les faits et gestes des employés toute la journée » Andrea Scioli, syndicaliste chez Sud.

Le 21 février dernier, nos confrères de faisaient état d’une ambiance délétère au sein de l’Administration cantonale des impôts (ACI). Des employés de la dite administration se seraient manifestés en nombre auprès du syndicat Sud, dénonçant des pratiques managériales douteuses de la part de la hiérarchie. Des employés dont les plaintes individuelles ont été récoltées dès avant l’automne 2013. Andrea Scioli syndicaliste chez Sud n’hésite pas à parler de «dysfonctionnement de la chaîne de management» au point que même les cadres intermédiaires parleraient de «malaise». En cause? «Une surcharge de travail due à des objectifs de production qui ne cessent d’augmenter, alors que les effectifs, eux, sont plutôt à la baisse. Les savoirs, les qualifications et les compétences des employés sont balayés par des impératifs quantitatifs». S’il s’agissait déjà d’une réalité dans les domaines du social ou de la santé, il semble que la tendance gagne aujourd’hui le Département des finances.

Big Brother

Mais le véritable nœud du problème résiderait dans l’instauration depuis le printemps 2013, d’une formation dite de «travail à quatre mains». La dite formation vise à former l’ensemble des collaborateurs à l’emploi d’un nouveau programme informatique introduit à l’ACI qui devrait permettre aux taxateurs d’être plus efficaces dans l’exercice de leur métier. Elle implique une transmission de savoir entre un chef de groupe déjà formé à l’outil et ses subalternes. Selon Andrea Scioli, «sous couvert de cette formation continue, la hiérarchie saisit l’occasion d’observer comment les employés travaillent et ce qu’ils font concrètement.» Il ajoute: «les cadres scrutent les faits et gestes des employés toute la journée. Cette surveillance du comportement constitue une atteinte aux droits de la personnalité.»

Action et réaction

Forte de témoignages dont elle protège farouchement l’anonymat, la Fédération syndicale Sud à relayé au chef du Département des Finances, Pascal Broulis, les inquiétudes de ses membres, dans un courrier qui lui a été adressé début décembre 2013. Parmi elles, on retiendra le fait que «des collaborateurs dénoncent les agissements douteux de certains membres de la hiérarchie: cris, menaces, dérives autoritaires, intimidations en tout genre et qu’aucune remarque, suggestion, critique n’est tolérée. Celui ou celle qui tente d’émettre le moindre avis est systématiquement et irrémédiablement rabroué.»

Le 18 décembre, Philippe Maillard, Chef de service à l’ACI répondait à ce même courrier en soulignant que «sur la base de retours anonymisés menés à l’interne, il ressort que le degré de satisfaction des collaborateurs est en hausse par rapport aux années précédentes, ce qui est confirmé par les entretiens d’appréciations qui font également ressortir un haut degré de satisfaction dans le poste occupé.» Contacté vendredi dernier, Pascal Broulis, Chef du Département des finances, s’est abstenu de tout commentaire sur le sujet.

Alors faux problème ou vrai malaise? Il semble que la situation, quelle qu’elle soit, ait connu un certain apaisement récemment, aux dires des syndicalistes. La fin programmée du travail à «quatre mains» prévue au plus tard courant avril, devrait mettre fin aux tensions résiduelles, si tant est qu’elles existent.

Mue informatique à 60 millions

CW • L’Administration fiscale cantonale a vécu des évolutions majeures ces dix dernières années, évolutions avant tout informatiques avec l’introduction de programmes de taxation complexes et performants visant à rendre le travail des taxateurs plus efficaces. Il se traite aujourd’hui en un an autant de déclarations fiscales qu’en deux ans précédemment. Sur l’ensemble des déclarations fiscales, 25% sont actuellement traitées de manière automatique ou semi-automatique, déchargeant ainsi les collaborateurs de l’ACI. Les déclarations fiscales remplies par internet représentent plus de 50% de l’ensemble, il y a donc fort à parier que gomme et crayon disparaîtront bientôt définitivement des offices d’impôts pour faire place à des super- inspecteurs informatisés.