Riponne-Tunnel: le réaménagement se précise

Dans le cadre du réaménagement de la Riponne et du Tunnel, la Ville a lancé un grand concours d’idées en urbanisme.
Les propositions des participants à ce concours ont été jugées en public au Palais de Beaulieu.
Le projet «In-between» de l’Espagnole Silvia Gonzalez Porqueres a remporté le premier prix. Deux autres projets ont également séduit le jury.

  • Le projet de Silvia Gonzalez Porqueres propose une place de la Riponne sans voitures et avec de nouveaux accès piétonniers avec des arbres ainsi que des espaces de jeu, des terrasses et diverses activités. DR

    Le projet de Silvia Gonzalez Porqueres propose une place de la Riponne sans voitures et avec de nouveaux accès piétonniers avec des arbres ainsi que des espaces de jeu, des terrasses et diverses activités. DR

Ce ne sont pas un, ni deux, mais trois projets qui vont servir de base au Service lausannois de l’urbanisme pour donner un nouveau visage à la place de la Riponne ainsi qu’à celle du Tunnel. Trois projets sur les sept qui demeuraient en lice dans le cadre de la démarche participative et du concours d’idées en urbanisme lancés par la Ville au mois de juin dernier. Ces sept projets restants ont été analysés dans le cadre d’une grande première qui a eu lieu samedi dernier à Beaulieu, un concours ouvert au public qui a vu défiler une foule de Lausannoises et Lausannois de tous âges et de tous milieux conviés aux délibérations d’un grand jury par écrans interposés.

Au départ, 34 projets

La Riponne et le Tunnel, deux lieux emblématiques de la ville de Lausanne. Deux lieux en proximité. Mais deux lieux mal aimés, voire détestés par les habitants de la ville qui les trouvent sans âme, sans charme, voire dangereux pour certains en raisons de la présence de marginaux et de dealers.

Pour tenter de casser cette image négative, la Municipalité a demandé, il y a deux ans, un crédit d’investissement de 800’000 francs pour l’organisation d’un concours d’urbanisme et la définition d’une image directrice destinés à réaménager ce secteur, consciente que «l’aménagement, le fonctionnement, l’ambiance et les usages» de ces deux places publiques n’étaient pas à la hauteur de leur potentiel. S’en est donc suivi le lancement d’une démarche participative, avec la volonté d’intégrer la population à chaque étape du projet, et d’un concours d’idées en urbanisme, imaginé à partir de la démarche participative, et ouvert aux experts dans le domaine, qu’il s’agisse d’architectes, d’urbanistes ou de paysagistes de tous pays, et d’étudiants de dernière année dans ces disciplines. Au départ, 34 projets étaient lice et 7 avaient été retenus dans le cadre de la grande première qui a eu lieu à Beaulieu samedi dernier.

Plus de vie au cœur de ville

Au terme des délibérations du jury, dans lequel se trouvaient 4 citoyens lausannois «lambda», c’est le projet ®In-between» de l’Espagnole Silvia Gonzalez Porqueres qui a obtenu le premier prix. Places de parc remplacées par des arbres et des espaces de jeu, terrasses, nouveaux accès piétonniers, diversité d’activités: ces éléments phares du projet ont séduit le jury. «Il a une stratégie claire et cohérente», a noté son président, l’architecte Pierre Feddersen. «Il intègre les rues et espaces qui se trouvent entre la Riponne et crée des liens vers l’extérieur.» Pour l’ensemble du jury, il vise à donner plus de vie à ce cœur de ville et à renforcer la qualité paysagère de ces lieux. Mais, deux autres projets, «Sous le signe de la louve» du bureau napolitain Maura Caturano Architetto e Paesaggista ainsi que «… et en-dessous coule une rivière!» de Nathalie Luyet, Linkfabric SARL, à Martigny, respectivement deuxième et troisième du concours, qui comprennent des éléments intéressants, seront intégrés au master plan qui verra émerger ces deux nouvelles places.

Pour la suite, de nouveaux débats seront encore organisés pour compléter l’image directrice du projet et, avant de pouvoir entamer la phase pratique du projet définitif, la Ville devra encore régler son aspect financier. Début prévu des travaux: pas avant 2024! Philippe Kottelat

Lausanne entre deux places

La place de la Riponne, comme celle du Tunnel, sont deux places emblématiques de Lausanne. Par nature, étant donné leur emplacement, elles ont toujours joué un rôle central dans la vie des Vaudoises et des Vaudois. Et, depuis leur création, au XIXe siècle, elles se sont bien sûr transformées, évoluant de ce qu’il convient d’appeler une ceinture routière autour de la vieille ville à leur origine, en des lieux voués à l’artisanat ou au commerce, mais aussi à la fête ou aux rassemblements.

Alors que le réaménagement de ce secteur vient d’être officialisé au terme du grand concours d’urbanisme lancé par la Ville, le Service de l’urbanisme publie un ouvrage sous la signature de Martine Jaquet, la déléguée à la protection du patrimoine, qui relate l’histoire de ces deux places à travers les âges avec de nombreux commentaires et illustrations.

Riponne/Tunnel, Lausanne entre deux places, éditions Favre

Y a encore du boulot! l'éditorial de Philippe Kottelat

La place de la Riponne, lieu emblématique lausannois. Au même titre que sa petite sœur, la place du Tunnel. Deux lieux qui ont, chacun à sa manière, marqué l’histoire de la ville. Mais deux lieux que les Lausannois n’aiment pas. Un désert de béton pour l’un, une sorte de no man’s land gris et terne pour l’autre. Un double échec urbanistique dans lequel la population ne trouve pas son compte.

Pour en redessiner les contours à l’aune de l’évolution et des besoins de la société, la Municipalité a pris les choses en main en lançant un projet de grande envergure, couplant démarche participative et concours d’urbanisme. Les résultats de ce dernier sont aujourd’hui connus (lire ci-contre). Ils voient triompher le projet In-between de l’architecte espagnole Silvia Gonzalez Porqueres qui a imaginé ces deux places avec plus de végétation, des espaces de jeux, des terrasses, des commerces et, surtout, moins de voitures, notamment sur la Riponne qui verrait son parking subsister, mais aucune voiture n’y accéder ou en sortir depuis la place. Un projet prometteur qui s’inscrit dans l’air du temps et devrait - enfin - permettre de tourner la page de ce désastre architectural.

Reste maintenant à concrétiser tout cela. Soit à faire aboutir d’abord un projet définitif, puisque deux autres projets, arrivés deuxième et troisième du concours, vont être intégrés à la réflexion finale sur ce réaménagement. Ensuite trouver l’argent nécessaire à sa réalisation. Ennfin, ne pas oublier non plus, au passage, de trouver également une solution décente pour les marginaux qui continuent de faire de cet endroit leur quartier général ainsi que les dealers qui y sont de retour dès la tombée de la nuit. Au grand dam de la population. Bref, y a encore du boulot!