Sécheresse: des gazons maudits jusqu’au mois d’octobre?

FOOTBALL • La période de canicule et de sécheresse a laissé de nombreux terrains de la région en piteux état. Conséquence: les entrainements sont moins efficaces et les blessures souvent plus fréquentes.

  • Les terrains d’entraînement du Stade Lausanne Ouchy sont dans un état déplorable. PYTHON

    Les terrains d’entraînement du Stade Lausanne Ouchy sont dans un état déplorable. PYTHON

«Les jeunes footballeurs peinent à améliorer leur technique» Carlos Carasco, directeur technique au FC Stade Lausanne Ouchy «La pelouse du FC La Sarraz-Eclépens est cramée» David Geiko, responsable technique

Cet été, en un sens, il ne fait pas un temps à mettre un footballeur dehors! «Nos terrains en herbe sont secs, jaunes et comportent même des trous par endroits…» Dame canicule et Dame sécheresse sont passées par là…

En quinze ans comme directeur technique au Stade Lausanne Ouchy, à l’instar de nombreux collègues de la région, Carlos Carasco n’a jamais vu ça! Les 650 licenciés de son club de football ont repris l’entraînement le 19 juillet sous une chaleur caniculaire et sous leurs crampons, ils ont trouvé «une pelouse ayant tout du béton.»

Un entretien compliqué

En effet, la capitale vaudoise a vécu son deuxième été le plus chaud depuis 2003, selon Frédéric Glassey de MétéoNews Lausanne. Les orages de la mi-août n’ont pas changé la donne. Au contraire! «Cela a endommagé davantage encore les terrains qui n’ont pas eu le temps d’absorber une telle quantité d’eau», relève Carlos Carasco. Or les trois terrains en herbe du Stade Lausanne Ouchy sont occupés sept jours sur sept de 17h à 22h. Et l’unique terrain synthétique est surbooké.

«Ce serait bien d’en avoir un second car la qualité des entraînements s’en ressent... Sur cette surface dure et brûlée, les jeunes footballeurs peinent à améliorer leur technique car les trajectoires et les vitesses de balles sont passablement modifiées», peste Carlos Carasco. Sans parler des nombreux risques de blessures, tendinites et problèmes musculaires en tête, qui sont bien plus importants sur une telle surface. A chaque chute, les joueurs se râpent les coudes ou les jambes au sol. Au Stade Lausanne Ouchy, une entorse à la cheville a même déjà consacré cette situation.

Champignons de saison

Les choses ne sont pas bien meilleures du côté du FC Lausanne Sports. Le LS a treize terrains pour ses 370 licenciés. Son équipe première s’est mise en jambe sur la pelouse synthétique de la Tuilière. «La croissance des graminées est ralentie par les fortes chaleurs, dans ces cas-là, il faut adapter les interventions et éviter les aérations car cela favorise le dessèchement des pelouses», vulgarise Fabrice Devantay, responsable de deux des terrains en herbe du LS restés en bon état.

Le professionnel de la société spécialisée Terrasport révèle aussi que la gestion des arrosages est primordiale et que beaucoup de terrains jaunis ont en réalité été infectés par des champignons de saison chaude, lesquels détruisent les parties aériennes des graminées et teintent les gazons d’une couleur jaune paille.

Retour à la normale tardif

La plupart des autres clubs du canton sont souvent touchés à divers degrés. Du côté du FC La Sarraz-Eclépens par exemple, la pelouse d’entrainement est «cramée». «De la vraie paille», peste David Geiko, responsable technique du club. Cela a même obligé à repousser la reprise des entraînements de certaines équipes de jeunes. Et le retour à la normale n’est pas pour demain. Habituellement, les pelouses retrouvent le top de leur forme en septembre.

«Cette année, ce sera plutôt pour octobre et encore si la pluie retombe normalement, pronostique Carlos Carasco. Or la trêve hivernale est prévue pour début novembre déjà…» Très difficile dans ces conditions de réaliser une première moitié de championnat exceptionnelle…

 

D’autres étés dévastateurs à venir…

De juin à août, la région lausannoise a enregistré 175 mm de pluie contre 321 en moyenne habituellement. Ces quantités sont tombées en 22 jours de pluie, alors qu’un été moyen en comporte 38. La température moyenne sur cette période a été de 2.9 degrés de plus que la «normale» calculée sur les années 1990-2020, soit une période où le réchauffement climatique sévissaient déjà. L’ensoleillement a été 109% de l’ensoleillement normal en juin, 133% en juillet et 110% en août. «Beaucoup de soleil signifie beaucoup d’évaporation et donc des pelouses qui jaunissent», résume Frédéric Glassey. Le météorologue de MétéoNews souligne aussi que les dégâts furent inégaux selon les politiques d’arrosage adoptées. «Beaucoup de ces pelouses sont déjà de retour au vert mais pas encore forcément remises pour autant. De manière générale, les terrains de foot vont vers des étés difficiles car plus secs et plus chauds», prévient le spécialiste.