«Syndic? Un job passionnant, mais astreignant»

- Entré en fonctions le 1er juillet dernier, Grégoire Junod est Syndic depuis près de 100 jours.
- Après le long règne de Daniel Brélaz, le magistrat imprime progressivement sa marque et son style.
- Interview en forme de premier bilan d’étape, à l’heure où la Municipalité est confrontée à de nombreux défis.

  • Grégoire Junod, syndic de Lausanne depuis le 1er juillet. VERISSIMO

    Grégoire Junod, syndic de Lausanne depuis le 1er juillet. VERISSIMO

  • Grégoire Junod, syndic de Lausanne depuis le 1er juillet. VERISSIMO

    Grégoire Junod, syndic de Lausanne depuis le 1er juillet. VERISSIMO

Cent jours que vous êtes en fonctions. Alors, heureux?

Je suis très heureux et très content, même si la charge de travail est importante. Pour moi, en tant que Syndic, en cette phase de début de législature, il y a un important travail d’accompagnement, avec une équipe renouvelée, une réorganisation profonde des directions, et beaucoup de dossiers importants à gérer en parallèle.

Qu’y a-t-il de difficile dans la fonction de syndic?

C’est un travail passionnant mais c’est sûr que la charge est lourde. En tant que Municipal, on gère ses dossiers. Comme syndic, on doit avoir un œil sur tous les dossiers. Avec la police et le logement, j’avais déjà une direction très hétérogène mais le spectre est aujourd’hui beaucoup plus vaste, allant des Jeux olympiques de la Jeunesse à la nouvelle politique salariale en passant par une multitude d’autres dossiers. Sans compter le changement de rythme qu’impliquent les nombreuses activités de représentation.

Ces activités de représentation consistent en quoi, réellement?

Ce sont d’abord beaucoup de manifestations à Lausanne auxquelles j’ai beaucoup de plaisir à participer. Et Lausanne a la chance d’être à la fois capitale olympique et ville de culture, c’est un atout énorme qu’il nous faut valoriser au niveau national et international. Enfin, je souhaite aussi m’engager pour la défense de nos intérêts et plus largement de ceux des villes. Il y a dans ce domaine de gros enjeux, tant au niveau fédéral que cantonal. Si les villes sont aujourd’hui confrontées à des difficultés financières, ce n’est pas qu’elles sont mal gérées, mais parce qu’elles sont confrontées à des problématiques de villes-centres qui imposent des charges élevées dans toute une série de domaines : la sécurité, la culture ou encore les politiques sociales. Car c’est encore dans les villes que les populations les plus vulnérables trouvent refuge.

Quelle est l’ambiance au sein de la Municipalité?

Pour l’heure elle est excellente, nous sommes une équipe qui s’entend bien et nous avons du plaisir à travailler ensemble. L’équipe est rajeunie, beaucoup de collègues sont de la même génération, et je ne sens pas venir de grosses crispations idéologiques… Mais il est vrai aussi qu’on n’éprouve la solidité d’une équipe que dans la difficulté. Nous verrons donc. Mais je suis confiant.

David Payot a fait parler de lui, d’une part en rendant son salaire public et d’autre part en prenant fait et cause pour l’accueil des migrants. Ne sont-ce pas des exemples de rupture de collégialité qui remettent en question la cohésion de la Municipalité?

Pas du tout! Nos salaires sont publics et fixés par le Conseil communal, il n’y a rien de confidentiel là-dedans. Et puis, rétrocéder à son parti une part de son salaire est pratique courante. Les élus socialistes notamment le font depuis longtemps.

Et en ce qui concerne l’affaire des migrants?

La collégialité concerne d’abord les affaires communales. Alors, des élus lausannois qui s’expriment sur des sujets cantonaux et fédéraux, il y en a toujours eu et il y en aura encore à l’avenir. Tant que l’expression libre se fait sur ce type de sujets, cela ne me dérange pas. Surtout que pour moi, quand on entre dans un collège, c’est pour défendre ses valeurs, pas pour renoncer à ses convictions. C’est ainsi que j’ai compris la démarche de David Payot dont la personnalité est une richesse pour le collège municipal ; et c’est un collègue respectueux des institutions.

Comment concevez-vous aujourd’hui les enjeux d’une politique publique pour une ville comme Lausanne?

Aujourd’hui, Lausanne est une ville qui cristallise beaucoup d’énergies, aussi bien dans le domaine

de la culture, du développement urbain que du sport ou même de la gastronomie. Et indéniablement nous vivons une période charnière pour le développement de la ville avec une richesse de grands projets rarement égalée dans l’histoire lausannoise. Enfin, à l’heure où nous faisons face à des enjeux internationaux majeurs, mondialisation, concurrence économique, transition énergétique, migration... les villes jouent un rôle essentiel de protection. Elles sont aussi un espace d’innovation que ce soit sur le plan social, économique ou culturel. Dans bien des domaines, les villes sont le lieu où trouver des solutions à des problématiques auxquelles les États ont des difficultés à répondre.

Les futurs stades de la ville et la sécurité: deux dossiers brûlants

Un des grands chantiers à venir pour Lausanne c’est assurément Métamorphose. De grandes inquiétudes s’expriment notamment pour les futurs stades et la pérennité d’une manifestation comme Athletissima…

Nous faisons face à une équation difficile: la Ville doit porter un développement exceptionnel dans un contexte où les contraintes financières sont fortes. En ce qui concerne Métamorphose et les grands projets, nous travaillons sur le planning et des réponses vont arriver dans les semaines à venir. Mais il y a une conviction forte: Lausanne veut garder Athletissima et fera ce qu’il faut pour garantir les conditions-cadre nécessaires à cette manifestation.

L’autre grand enjeu de Lausanne est aujourd’hui la question de la sécurité sur laquelle, en tant qu’ancien responsable de la police, vous avez été passablement critiqué…

S’agissant des délits au code pénal, la criminalité a considérablement diminué depuis cinq ans: c’est vrai pour les cambriolages, les vols dans l’espace public ou les violences sur les personnes. C’est d’ailleurs lié à une série de facteurs qui dépassent bien sûr la seule action de la police de Lausanne. Mais les mesures engagées ont payé. C’est vrai aussi des nuits lausannoises que nous avons réussi à pacifier sans avoir mis une cloche sur la vie nocturne.

Reste l’épineuse question du deal…

Là, le bilan est beaucoup plus mitigé. C’est une problématique pour laquelle les contraintes sont multiples: difficultés dans les renvois, surpopulation carcérale, chaîne pénale qui ne suit pas toujours, etc. Mais je reste convaincu que la solution passe par une présence policière forte dans les rues. Dès que celle-ci se relâche, le problème ressurgit!