Toilettes lausannoises: luxe, calme et… saleté!

Quelque 40 toilettes publiques émaillent l’ensemble du territoire communal de Lausanne.
Malgré un nettoyage qui peut aller jusqu’à 8 fois par jour, l’état de certaines peut ponctuellement laisser à désirer.
En cause, le manque de civisme et d’éducation de bien des usagers, un paramètre difficile à maîtriser.

  • Certains usagers demeurent très indélicats. En médaillon, des toilettes turques appelées à disparaître. VERISSIMO

    Certains usagers demeurent très indélicats. En médaillon, des toilettes turques appelées à disparaître. VERISSIMO

«Nous restons tributaires de la bienveillance accordée à ces lieux»

Stéphane Beaudinot, chef du service de la propreté urbaine à la Ville

Elles sont un peu l’image d’une ville, loin des musées, attractions et autres prouesses urbanistiques ou culturelles. Elles, ce sont les toilettes publiques de Lausanne, plus d’une quarantaine, réparties sur tout le territoire communal et qui évidemment font l’objet de toutes les attentions aussi bien des touristes que des autochtones. Il faut dire que la question des lieux d’aisance, vieille comme le monde, divise, focalise et alimente… les débats. D’autant plus que ceux qui prompts à dénoncer leur état de saleté sont parfois les moins exemplaire en la matière.

On se rappelle qu’en 2019, l’état déplorable des toilettes publiques de Pierre-Viret, non loin de la Riponne avait suscité à la polémique. Récemment, des lecteurs n’ont pas hésité à nous écrire pour faire part de leur désapprobation: selon eux, les toilettes d’Ouchy, de la Riponne encore et toujours, mais aussi celles de Vidy seraient pour reprendre leurs termes, «franchement dégueulasses».

Une gageure

Seulement voilà, en matière de toilettes, comme de trains, il faut arriver au bon moment. Et les maintenir présentables est presque une gageure. Car malgré les fréquences de nettoyage, il suffit d’un seul usager indélicat, et il y en a!, pour gâcher le passage de la personne qui suivra.

«Nous relevons globalement une nette amélioration depuis deux ans quant à l’état de propreté de ces espaces mais comme pour n’importe quel espace public, nous rencontrons des problèmes ponctuels, ici sur quelques WC malgré les efforts consentis mais, explique Stéphane Beaudinot, chef du service de la propreté urbaine à la Ville. Nous nous efforçons d’adapter l’entretien à l’usage et au respect qui en est fait par les usagers-ères mais restons tributaires de la bienveillance accordée à ces lieux. Aussi, certains WC peuvent être trouvés dégradés alors qu’ils ont été rendus propres peu de temps avant par les équipes de nettoyage.»

En clair, la faute est plutôt à imputer aux cochons et au manque de civisme de certains, oublieux des règles minimales de bienséance et de propreté. Preuve que l’insalubrité des toilettes publiques est plutôt anecdotique et conjoncturelle, notre photographe a eu bien du mal, pour les besoins de cet article, à dénicher des latrines franchement sales.

Car depuis 2018, la Municipalité a démarré un ambitieux programme de rénovation des toilettes publiques visant à remettre à niveau ces infrastructures en matière de confort, de durabilité (économies d’énergie et robustesse des matériaux) et de sécurité, dont certaines atteignent une qualité irréprochable. Depuis cette date, 12 WC ont ainsi été rénovés (Riponne, Cité-Devant, Saint-Etienne, Saint-François, Préville, Denantou, Milan, Bellerive Plage, Chailly, Derrière-Bourg, Théâtre de Vidy et CIO) dont certains par une installation autonettoyante et deux nouvelles toilettes ont été installées à Vidy et à Sébeillon afin de tenir compte de l’évolution démographique de la ville.

450’000 francs annuels
Un effort a également été consenti en termes d’entretien de ces lieux. Six employés travaillent ainsi à plein temps et tous les jours à l’entretien de ces installations. Les interventions de nettoyage sont effectuées entre 2 et 4 reprises dans la journée selon les WC, voire jusqu’à 8 fois pour les toilettes de la Riponne. Et durant cette saison estivale, les WC situés au Sud de la ville ont été entretenus en mode continu par les équipes, le tout pour un coût, hors salaires, de plus de 450’000 francs par an.

13 WC supplémentaires en rénovation

La Municipalité entend poursuivre l’éffort entamé depuis 2014. Dans un préavis publié ce mercredi, elle sollicite un crédit d’investissement du patrimoine administratif d’un montant de 2’600’000 francs pour engager une seconde phase de rénovations touchant treize WC publics supplémentaires, dont la majorité est pourvue d’installations dites à la turque. Il s’agit de transformer la totalité de ces derniers par des cuvettes traditionnelles en procédant selon leur état, leur fréquentation et leur situation, à une rénovation légère ou à une réhabilitation complète en système autonettoyant ou manuel. Le mobilier en porcelaine, les lavabos en acier émaillé ou en PVC et les urinoirs en rigole seront systématiquement remplacés par des équipements en acier inoxydable Les sols et les murs seront revêtus de matériaux résistant au vandalisme et permettant un nettoyage aisé afin d’assurer leur durabilité et un entretien facilité.